"Evasion et Rédemption"

- Maëlan, c'est ta vie, tu l'as choisie. Mais je ne te promets rien d'autre que de la souffrance, je te l'ai déjà plus ou moins dit. Ce n'est pas une vie facile. Mais tu l'aimeras si tu vas au bout de tes choix...Maintenant, il nous faut dormir. Car demain sera une longue journée, nous devons avancer. J'ai idée sur l'endroit où nous devons aller pour franchir la mer mais il ne faut pas lambiner, les voyages sont déjà assez longs comme ça...Et j'ai entendu parler d'un tournoi en Neustrie, auquel je pourrais participer. Cela amènerait quelque pièces dans les bourses si on participait honorablement...Mais il faut faire route rapidement. Enfin, sinon, j'ai de quoi vivre jusqu'à Sion, mais en serrant la ceinture de façon drastique...

Le chevalier se perdait peu à peu dans ses calculs comptables. Il finit par s'allonger afin de se reposer. Laissant Maëlan prêt du feu, il se mit de façon à la protéger et bénéficeir d'un peu de sa chaleur. Tout en respecatnt une distance digne des rapports normaux entre une dame et son chevalier. En ce sens, cela attestait d'un certain dérèglement social en lui. Mais cela faisait bien longtemps que plus n'était normal alors...


hp 85

La nuit passa ainsi, sans encombres. Et le lendemain matin, tandis que Maëlan prenait la mesure de sa bosse, Heilen replia le campement au plus vite.
C'est qu'il était pressé de se mettre au travail le bougre. Et à peine la maigre ration de baies ingurgitée, il les mit en route.

- Maëlan, tu vas apprendre dès maintenant l'allure des Rois. Trotter est se montrer, voler dans les airs sans rien perdre de ce qu'il se passe alentour. En avant. Laisse toi aller, Grison fera le reste. Mais pense à ressentir l'animal !

Heilen avait confiance en elle, sa chute n'était qu'une péripétie. Il la regardait désormais avec envie, se rappelant les premiers apprentissages comme un moment merveilleux.


hp 86

Maelan c'etait levee plus ou moins de bonne grace... Les courbatures de la veille se faisaient toujours autant ressentir! Mais elle ne rechigna pas, mangea en silence, et alla recuperer Grison avec un soupcon d'aprehension... Remonter sur son dos ne l'enchantait plus autant a present, mais apres tout... Un defi de plus! Oui, elle y arriverai, et non, elle ne tomberai plus! Elle deviendrait la meilleur cavaliere du pays, et se ferait remarquer part a facon singuliere de chevaucher pour une femme: comme un homme!

Elle remit le pied a l'etrier, et se hissa tant bien que mal en selle... Elle commencait a avoir la technique a present, du moins, elle galerait moins... Une fois en selle, elle ne chercha pas a reflechir, et se mit au pas pour commencer... Il lui fallait reprendre un peu confiance en elle. Chose qui ne tarda pas... Le balancement regulier de l'animal, son bruit de pas tranquil sur la route, le frottement de la selle sur ses cuisses, sa criniere entre ses doigts...

Bien! Il etait temps d'accelerer. La tete haute, les mains peut etre un peu crispees, les jambes bien serrees, elle claqua deux fois de la langue... Grison bougea une oreille, et accelera un peu... Elle recommenca, et il daigna prendre le trot... Brave bete!

*Cloc cloc Cloc cloc Cloc cloc...*

Elle se sentait balottee sans pouvoir s'assoir un seul instant... Elle avait beau serrer les jambes de toutes ses forces, elle se retrouvait arrachee de la selle, rebondissant au rhytme de ses pas... Le souffle etait egalement difficile a garder, la respiration alternee par ses rebondissements... Elle se sentait tellement ridicule! L'allure des roi? Elle avait l'air de tout a cet instant, sauf d'une reine! A tel point qu'elle se mit a rire nerveusement, toujours agitee et trimbale par l'animal...

Tout en s'eloignant d'Heilen, elle chercha un moyen d'arreter de sauter comme ca... Mais impossible! Jusqu'au moment ou, fatiguee, elle soupira longuement, se laissant completement aller... Et, chose incroyable!! Les bonds cesserent... C'etait donc ca le secret! Se laisser aller... Si elle l'avait su pls tot! Ses jambes se relacherent, ses hanches se deliaient pour accompagner le trot de Grison, son dos se pencha legerement en arriere... Qu'est ce que c'etait confortable compare a tout a l'heure!

Elle prit alors une rene dans une main et demanda de tourner pour revenir vers le chevalier, se laissant aller a claquer de la langue de nouveau...

*Clipiticlop... Clipiticlop...*

Il avait pris le galop... Mais chose encore plus ettonante, c'etait ettonement plus confortable!! Un sourire radieux se tenait sur le visage de la jeune fille lorsqu'elle revint a ses cotes, fier comme Artaban...

Les jours se suivent...
Qu'elle est fine sur son cheval. Et à son retour, c'est comme une brise légère qui le caresse, elle a compris la base. Se laisser aller par le mouvement. On apprend vite quand on est jeune.

- Maëlan, c'est excellent. Il faut poursuivre ainsi. Laisse toi aller, mais n'oublie pas, si le cheval danse avec toi, c'est toi qui guide les pas. Fais en sorte de toujours garder le contrôle...

Il aurait aimé être assis derrière elle pour lui faire sentir plus précisément encore. Mais on ne peut pas toujours tout avoir. Le seul spectacle de ces deux crinières au vent suffisait à le combler. Le chevalier Phoenix prenait du plaisir à enseigner les seules choses qu'il savait faire sur cette terre. Mon dieu, faites qu'elle n'ait pas l'idée de se retourner, finit-il par se dire. Qu'elle regarde devant elle, faites qu'elle regarde toujours devant elle et je brulerai un cierge la prochaine fois Seigneur !


hp 87

- Etre à cheval, c'est la liberté hein ?!! Et encore, tu n'es pas au bout de tes découvertes, ce n'est que le début Maëlan...

Le chevalier avait pris les rênes de Grison et marchait tranquillement aux côtés de son écuyère. La journée pluvieuse glissait sur eux comme les ennuis sur l'insouciant. Et le chevalier d'expliquer les positions qu'il fallait adopter dans chaque cisconstance, le port de tête, l'allure, les petits tics propres à chacun. C'est qu'il avait une longue expérience de l'équitation et de tout ce qui faisait d'un homme un combattant à cheval. L'art noble entre tous.

-...et voila pourquoi une femme à cheval est toujours mal vue. Car au fond, vous êtes tout aussi aptes que nous mais votre agilité peut nous surprendre au combat, c'est toujours le même problème, la prime va à celui qui sait surprendre l'adversaire quand le combat est égal...

hp 88

"Peu importe que cela soit mal vue, je ne me lasserai jamais de monter!"

Repondit elle avec entousiasme. Et la chose etait clair qu'elle y croyait, aucun doute etant donne le ton qu'elle emploiyait... Il est de ces passions que l'on ne peut expliquer, et qui pourtant vous tienne toute une vie... Maelan venait de decouvrir l'une d'elle. N'ayant jamais reelement eut l'occasion de grimper sur un animal tel que Grison, le doute subsistait avant cela, mais a present... Plus de doutes possible! Elle aimait les chevaux, et ferait tout son possible pour etre le plus pres d'eux tout au long de sa vie.

"Y a t'il beaucoup de chevaliers dans vos montagnes?"

- Nos montagnes sont des plus vides, nous comptons presque autant de vaches que d'habitants, je crois même que nous sommes moins nombreux qu'elles. C'est une vie rude je te l'ai dit déjà. Mais belle et libre...

Tandis qu'ils continuaient d'avancer, Heilen réfléchissait. Si son amour avait été impossible, c'est sans doute que les pères étaient trop différents, les cultures familiales trop opposées. Et cela, c'était un risque qu'il assumerait maintenant. Ramener Maëlan, écuyère ou plus encore, c'était s'attirer une fois de plus les foudres. Dans tous les cas, cela créérait un affrontement. Mais il était prêt à l'affronter cette fois. Et d'ailleurs, qu'espérait-il ? Lui-même ne le savait pas.
En l'état, être avec elle, cela suffisait à son équilibre. Et si l'épisode de la chute avait révélé quelque chose, c'était qu'ils étaient plus proches désormais...Le reste, c'était si peu probable qu'il n'osait y penser. Quand bien même avait-il, dès le premier instant, déraisonnablement fait cadeau de son mouchoir à cette inconnue, qui n'avait pas vu en ce geste la portée symbolique qu'il renfermait.

- la liberté n'a pas de prix Maëlan, pas de prix. Notre pays offre la liberté en échange de cette vie difficile au coeur de la neige.


hp 89

La liberte... Oui. Elle etait libre, et elle le resterai... Elle ne se sentait nullement contrainte de le suivre, meme si c'etait la l'unique choix qui s'offrait a ses yeux... On aurait put lui proposer une centaine de routes diffrentes, elle n'aurait pas change la direction qu'elle empruntait desormais...

"Pourquoi n'etes vous jamais retournez a cet endroit que vous aimez pourtant?"

La question pouvait etre un peu trop personnelle... Mais en meme temps, elle n'avait plus la meme retenue que lors de leur rencontre... A cette epoque, elle voulait lui plaire et se faire accepter, maintenant, elle savait de source sure qu'il ne la laisserait plus derriere... Et s'il devaient passer une bonne partit de leur vie ensemble, alors autant commencer a se connaitre plus profondemment.

"Et pourquoi maintenant...?"

Heilen réfléchit. Que devait-elle savoir de plus ? Car il avait déjà dévoilé cet amour pourchassé. Et ne savait toujours pas pourquoi il en avait parlé. Mais elle savait. Alors que dire de plus ?...Enfin, si, les faits exacts, elle ne les connaissait pas. Cela avait-il un grand intérêt ? A vrai dire non. Pourtant, il ne se sentait plus de faire des cachotteries, ou des mystères. Il avait confiance.

- Eh bien, j'ai cru comprendre dans les mots de mon père qu'il ne voulait plus de moi. Aussi ai-je fui. Et elle avec moi. Nous avons été bannis, en quelque sorte, parce que trop honnêtes pour mentir sur nos sentiments et ce que nous avions fait. Quant au reste, savoir pourquoi je reviens...Je n'en sais fichtre rien sauf que je suis fatigué...

En fait, pouvait-il admettre que ce qu'il était en train de vivre depuis peu le bouleversait profondément. Prenait-il la mesure de ce qu'il vivait au point d'être capable de déduire ce qu'il aurait fallu déduire ? Rien n'était moins sûr. Il vivait. Et en fait, intensément. C'était même assez brulant comme sensation, renaissance irritant les poumons comme au premier jour....

hp 90

Elle ne rajouta rien... L'histoire d'Heilen la ramennait un peu a la sienne par instant... Elle se prit a imaginer la reaction de son pere lorsqu'il avait du constater sa disparition... Elle etait partit, comme tout les matin, garder le troupeau de moutons... Mais elle n'etait jamais rentre! La croyait il morte? Mangee par une bete, kidnapee, ou que savait elle encore...

L'avait il cherche? L'avait il pleure? La chose n'etait pas certaine... Si les gens des montagnes etaient renfermes et bourrus, ceux de la campagne n'etaient pas des plus ouvert non plus, elle en savait quelque chose... Elle etait nee tard, n'avait pas connu sa mere genetique, et n'avait pas ete aimee par sa maratre... Seul Mael s'occupait d'elle, et Mael avait disparut avant elle, prennant la mesure de sa liberte...

"Peut etre vous as t'il pardonne..."

Elle s'engageait la sur un terrain glissant. Parler de sentiments, et surtout de ceux du chevalier... Ce n'etait pas une tres bonne idee... Mais cette phrase s'adressait aussi bien a lui qu'a elle... Une sorte de reflexion a haute voix... Son regard etait etrangement fixe devant elle, comme si elle etait toujours perdue dans ses pensees...

C'était une possibilité, que le temps ait fait son oeuvre. Mais Heilen n'y croyait pas. Ce qui rendait sa démarche assez incompréhensible. Mais les êtres sont emplis de paradoxes.

- Peut-être, maëlan, peut-être...Autant qu'il est possible que ce soit l'inverse. Mais je n'ai plus peur, et plus rien à me faire pardonner. La destination ne compte pas, c'est le chemin qui m'importe désormais...

Il omit de dire que le fond de sa pensée était "tant que c'est avec toi". Mais en était-il pleinement conscient lui-même ? Son esprit commençait à échaffauder des plans, bâtir des histoires ou des explications...Car il faudrait alimenter la soif de vérité, d'histoires des uns et des autres...

-...Je veux vivre.


hp 91

Maelan fut sortit de sa reflexion par la derniere phrase prononcee... Vivre? Mais ne le faisait il pas avant? Bien qu'elle ai remarque le changement qui s'operait en lui depuis quelque temps, elle etait loin de s'imaginer le boulversement qu'elle avait provoque dans sa vie. Trop jeune peut etre pour comprendre, trop inexperimente dans les rapports humains ou ne le connaissait elle simplement pas assez pour savoir... Elle ouvrit la bouche, pour la refermer aussitot, ne sachant quoi rajouter en verite...

Elle laissa donc le silence s'installer, simplement trouble par le bruit de leur pas et de ceux de Grison a leur cotes. Mais le silence etait une chose encore difficile a supporter pour elle, trop avide de paroles et de savoir nouveau... Elle fini donc par reprendre la parole:

"Combien de temps durera le voyage en mer?"

- Bah, je dirais surtout combien de temps l'attente du bateau durera-t-elle ? Sinon, deux jours au plus pour traverser. Mais le plus dur est de trouver un navire qui prenne pour un prix modique. Sinon, surtout à deux avec un cheval, c'est hors de prix. Ne t'inquiète pas, je sais comment faire pour que cela soit faisable.

Maëlan, qui n'avait manifestement jamais pris la mer, s'attachait aux détails techniques, le plus compliqué serait le financement. Bah, insouciante jeunesse...

- Le meilleur moyen en tous cas de ne pas avoir peur est d'apprendre à nager écuyère...


hp 92

"Oui mais ca... Ce n'est pas en restant sur la terre ferme que j'apprendrai...."

Nouvelle reflexion a haute voix... Il faudrait aprendre a penser en silence! La chose pouvait finir par devenir genante... Non pas seulement pour elle mais pour lui aussi. Il avait dit qu'il lui apprendrait mais... Comment allait il s'y prendre? Enfin bref... La question n'etait pas la pour le moment. Braver les flots n'etait pas a l'ordre du jour...

"Grison vien t'il de vos montagnes aussi?"

- Non, Grison, je l'ai sauvé d'une mort certaine. Il ya de cela 12 ans. C'était une animal discret, qui avait été délaissé au point de végéter dans un fond d'écurie, à en perdre l'envie de vivre, de manger. Je l'ai échangé contre un peu de travail...de protection rapprochée dirons-nous...Et je l'ai dressé, enfin, ai-je tenté de le faire car il avait déjà été dégrossi plutôt convenablement. Mais il avait perdu l'habitude de la compagnie des hommes, en avait une certaine appréhension. Ce qui le rendait tout fou quand quelqu'un s'intéressait enfin à lui. J'avoue que ce fut dur de le calmer sur ce plan. Et ces yeux, qui trahissaient une certaine joie, n'en montraient pas moins de la crainte...Etrange comportement de sauvageon qui aurait eu envie de connaître le monde. Oui, c'est un animal très attachant, qui t'a adopté bien plus que tu ne t'en rends compte écuyère...

Le chevalier, étonné d'avoir tant à dire sur son cheval, et encore s'était-il retenu, revint au coeur de sa pensée première.

- Bon, veux-tu apprendre la natation Maëlan ?...


hp 93

"Heu..."

Plus elle y pensait, et plus elle avait d'apréhension... Elle s'imaginait déjà seule, barbottant dans une rivière en essayant de ne pas rejoindre les cailloux du fond trop vite... Mais en même temps, elle imaginait le bateau sombrr en plien milieu de la mer, et elle couler avec lui... L'aprentissage de la natation était de plus une chose pri,ordial pour un chevalier lui avait il dit, et elle ne tenait pas a rater un leçon!

"Je le voudrais bien oui... Si vous voulez bien me montrr comment on sy prend..."

- Bien. De toutes façons, je ne t'aurais pas laissé le choix. Sache le. Il faudra trouver une zone de rivière calme ou un lac. Et profiter d'un jour ou la température le permet. J'ai peur qu'il faille traverser la mer pour cela. Tu devras faire attention à toi sur le navire. Ou alors accepter de nager dans une eau froide. C'est dur. Bon, techniquement, tu devras aussi te mettre...enfin bon, on ne nage pas avec des habits, surtout pour apprendre...enfin tu vois, ça va poser des problèmes... enfin on verra comment on fait...Si tu as des idées...Parce que moi...

Le chevalier était un peu gêné d'aborder la chose de façon brutale. Mais dans le même temps, il fallait bien appeler un chat un chat ! Là se mélangeaient les nécessités sociales et les pudeurs intimes. Ce n'est pas si facile de franchir le pas. La nudité est une chose personnelle et le rapport que nous avons avec elle nous est propre. Si l'un est peu sensible à la pudeur, il n'est pas sûr que l'autre en soit au même stade. Lui, ce qui le gênait sans doute, ce serait de la voir nue, depuis qu'il avait des frissons indéfinissables. Mais elle, que penserait-elle de ce corps martelé par les années ? Et si elle était davantage choquée que lui ? Etait-il si clair qu'il serait le plus embarassé ? Tout cela n'est pas chose facile. C'est une danse et elle se joue à deux.


hp 94

Mmh.. Il était claire que la natation allait poser des problemes. Elle s'en était douté depuis le début, l'eau,c'était fait pour les poissons. Et elle ne se sentait as poisson... Ni Idre d'ailleur. Mais elle prit partit de ne pas y penser tout de suite... Après tout, s'il fallait attendre d'avoir traversé "la grande eau" pour ça, ils avaient tout le temps de se faire à l'idée ou de trouver une solution!

"Nous verrons bien le moment venu..."

- Certes oui.

Cette réponse pemerttait à chacun de repousser le moment où il faudrait non plus se poser le problème mais le résoudre.
Entre temps, un long silence s'installa entre eux. De ceux qui existent entre les amis qui marchent côte à côte sans avoir besoin de meubler la conversatoion par des mots insignifiants. Un très long silence, d'au moins deux heures occupées à avancer plein sud, à travers bois.
Désormais, ils avaient réintégré le Royaume d'Arthur, devaient se situer à une journée au sud de Camelot. Encore une petite semaine de marche et ils seraient face à la mer. Mais comme ils avaient pris tout droit, ils passaient à l'ouest de leur lieu de rencontre. Là, les arbres éteint plus denses, quelques conifères se battaient avec les charmes pour atteindre le soleil salvateur. Une forêt mixte bien entretenue mais gardée dense, sombre. Les rideaux de brume mettaient du temps à s'installer dans un tel type de végétation mais une fois fixés, ils mettaient aussi beaucoup de temps à se déchirer. Heureusement, le temps était sec, le soleil radieux...L'après-midi fut juste ponctuée d'un tir magnifique d'heilen sur une Grouse, aux limites de la distance possible pour son arc...Quand le volatile fut atteint, il se retourna vers Maëlan come pour dire "tu as vu celui-là, pas mal hein ?!". Mais dans son oeil, c'était la joie du tir parfait partagée avec l'autre et non l'orgueil du maître face à l'élève...Il alla chercher la bête tandis que Maëlan continuait d'avancer avec Grison.
Quelques minutes après, il était sur le chemin du retour vers le groupe...
hp 95

Le soir venu, alors que le feu réchauffait les coeurs des humains et les chairs du gibier, Heilen se lança dans sa première vraie leçon de technique.

- A l'arc, comme pour tout, la première chose à faire est de s'adapter à la proie. Tu constateras vite que le plus dur est l'oiseau. Et plus il est petit, plus il est difficile. Bien sûr, la taille joue. Mais surtout le vol. Les petits oiseaux changent de trajectoire facilement. Aussi devras-tu penser comme lui, le suivre dans son vol et anticiper le moment où il ne bougera pas de sa ligne droite. Pour le gibier au sol, c'est plus simple, la trajectoire est linéaire, sauf parfois les bonds. Les oiseaux de grand taille font des proies faciles mais leur chair est dure. Et je n'aime pas tirer ces nobles animaux. Bon, à côté de cela, un homme est facile à toucher. Grand, peu agile, il est apparamment l'enfance de l'art. Sauf que s'il porte une armure, les zones de tir fructueux se limitent très vite à quelques interstices. Donc, comme le petit volatile, c'est une cible vite difficile à abattre. En zone de bataille. Car de nuit, un guetteur se prête bien à un massacre !..Oui, je sais, ce ne sont pas là des attitudes nobles. Mais elles m'ont souvent permis de me sortir de pièges tendus par des princes qui n'ont de noblesse que dans les bourses qui pendent à leur ceinture, se payant mercenaires et chevaliers aux dents longues sans aucune morale. Sur ce terrain là, je ne leur dispute rien de déloyal. Recentrons le débat. Maëlan, tu dois d'abord apprendre à tirer le gibier. Demain tu marcheras en tête, à 50 pas de nous, arc en main. Pour échapper aux bruits de Grison et surtout aux odeurs. Car le gibier a des pouvoirs de défense. Sa noblesse est naturelle. Sans calcul...Tu auras deux soucis. Le voir et l'atteindre.
Car le deuxième fondement du tir est le calcul des distances. Sa vitesse, celle de ta flèche. Les deux assemblées déterminent la distance qui devra être laissée entre l'avant de l'animal, ce que j'appelle la zone de rencontre, et la zone où l'animal est lorsque tu lâches la mort. Comprends moi bien. Il se passe quelques instants entre ton tir et l'instant du choc. Durant ce moment, la proie continue son chemin. Ce chemin dépend de sa vitesse à lui. Et le temps qu'il faut laisser dépend de trois facteurs. Sa vitesse, la force de ton tir et la distance qui sépare le tireur de la zone de rencontre. Suis-je clair ?

Heilen regardait Maëlan tourner la grouse tout en écoutant avidement ses paroles. Le maître poursuivit la leçon !

- Donc, il faut maîtriser ces trois données. les combiner. Apprendre à savoir les raisons de l'échec quand il arrive. Si l'animal dévie, tu n'y peux rien. En revanche, si le coup manqué vient de toi, tu dois t'en vouloir et corriger pour l'avenir . Bon, c'est un très long apprentissage, bien plus subtil que celui de l'épée. Commençons par un tir sur cible fixe !

Heilen dégotta une plaque de mousse, l'attacha comme il put à un arbre et dit à Maëlan de laisser la grouse. Qu'il allait poursuivre la basse besogne.

- Allez, 6 flèches. La première à 20 pas. A chaque tir réussi, on recule de 10.

hp 96

D'abord surpris des premiers ratages, Heilen fut déconfit au vu du spectacle de son cadeau brisé dès le premier jour.
Pour la première fois depuis lobgtemps, il entra dans une colère noire !

- Nom d'une petite patate ! C'est pas possible de voir ça. J'avais mis tant d'ardeur dans cet arc !!! Ce ne sont pas des choses qui se font ça !...

Les arguments devenaient de plus en plus ridicules au fur et à mesure que la colère gagnait du terrain. Et le chevalier, qui en voulait à la terre entière, ne se rendait pas compte qu'il était en train de terroriser tout ce qui avait une âme à dix lieues à la ronde. Alors qu'il était en train de vouer à damnation la neuvième génération d'êtres vivants après eux, il croisa le regard stupéfait de Maëlan...D'un coup, il comprit qu'il était sur une fausse route. Mais comment s'en sortir quand on a commencé de mal réagir...

-...je...je suis vraiment le dernier des idiots si je ne sais plus tisser une corde assez solide pour les muscles ridicules d'une fille.

Il n'est pas sûr que Maëlan apprécie à sa juste valeur l'effort que faisait notre homme pour redresser la barre. Mais au moins était-il en phase de dégonflage de la baudruche. Cela prendrait encore quelques minutes mais il poursuivait son début d'autoflagellation.

- Euh, bon, fit-il enfin, puisque c'est ainsi, la leçon va se poursuivre avec le mien. Il est plus gros et plus puissant. Je te laisse le tester. Et cette fois, mets y la patate !

C'était à tout le moins une très mauvaise idée, un arc plus puissant alors qu'elle n'avait pas réussi avant, qu'elle avait essuyé trois échecs et une avoinée ! C'est bien le signe que notre homme avait le coeur sur la main, un manque total de pédagogie...et les pieds dans le plat de nature...

hp 97