"Evasion et Rédemption"

"Ou se trouvent elles, ces montagnes....?"

Ainsi le voyage avait change de destination... C'etait une bonne chose? Oui, au fond d'elle meme, elle le savait. Le chevalier etait vieux, fatigue, et aujourd'hui il c'etait laisse rattrape par les ans... Pourquoi? Elle ne le savait toujours pas, mais la chose etait la... Il se laissait vivre de nouveau...

- Il faut franchir les mers Maëlan, traverser le pays des francs directs, la Neustrie. Puis les Burgondes, dont les terres de mon père dépendent plus ou moins. Là, on va en direction du sud-ouest, le grand lac, et encore plus haut dans la vallée, Sion, ville dont mon père est le comte. Mais que les évèques agacent de plus en plus avec leurs morales latines qui ne sert qu'à les engraisser...C'est loin Maëlan, c'est très loin...

Il se retourna en la fixant dans les yeux. Cette fois, il savait qu'il fallait clarifier les choses. C'était son devoir de chevalier de le lui dire.

- Si tu viens avec moi, je ne puis t'assurer que tu reverras un jour ta maison.

Il prit sa main sans trop savoir si ce geste était celui d'un père, d'un chevalier ou...de ce qu'il n'osait toujours pas penser. Parce que la morale et les ans étaient pesants, présents.

- Je t'accueillerai pour la vie dans mes montagnes mais c'est peut-être un voyage sans retour...

Il ne sut donner un sens à ce qu'il venait dedire, il l'avait dit...et puis voilà...

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L'annonce du voyage semblait plaisante... Elle avait toujours revee de grandes aventures qui la conduirait au dela des mer, porte par les recits de sa grand mere ou des conteur qui s'arrettaient au village pour parler du monde et de ce qu'il s'y passait... Et aujourd'hui, elle avait la chance de faire partie de l'une de ses histoires... Mais cela impliquait aussi l'adieu a sa terre... Abandonner definitivement l'idee de revoir son cher frere...

"Je comprend..."

Il lui prit la main. Elle ne sut trop comment reagir, ni ce que ce geste voulait dire... Il ne l'avait jamais touche auparavant. Cellait il la un lien plus fort que celui du sang et qui les unissait a present l'un a l'autre? Ou ce geste allait il plus loin que l'amour d'un pere a sa fille...? Maelan n'envisagea pas meme cette possibilite. Meme si elle savait se montrer "grande" par moment, elle n'en restait pas moins que peu instruite sur beaucoup de chose, et nottamment ce genre de sentiments.

"Mais Seign... Sire Heilen... Je n'ai pas de maison..."

Dit elle en baissant les yeux, la groge un peu seche... La decision avait ete dur a prendre, mais en meme temps n'etait ce pas ce qu'elle avait choisit en le suivant jusqu'ici?

"Je vous le dis une nouvelle fois, ou que vos pas decident de vous mener, je marcherai a vos cotes..."

- Ma maison est ta maison Maëlan. Il est temps pour moi de rentrer.

Il préféra ne pas avancer plus. Quelque chose le retenait. La raison, ce qu'il en restait.

- Nous devons aller plei nsud, je connais la route pour la mer. C'est à disons, 10 jours de marche. Il faudra économiser pour la traversée mais on peut le faire.

Heilen prit le chemin du sud et finit par lâcher.

- Nous ne passerons pas par Camelot, c'est inutile. Allons au plus direct. Et commencçons par tester tes aptitudes à cheval !

Il montra Grison, de l'air de dire, "vas-y ma fille, monte ce vieux destrier !"...
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Maelan sourit a ses paroles... Elle avait maintenant un endroit ou aller, tout aussi bien que le chevalier. Sa maison etait la sienne... Elle sentait ses pas plus leger sur la route, alors qu'elle marchait a ses cotes... Lui semblait avoir assez chevauche pour le moment, tenant la bride de Grison et marchant a ses cotes... C'est alors qu'il lui dit... Non, elle ne pouvait pas y croire... Elle s'arretta et releva les yeux vers lui... Etait ce vrai? Ses oreilles ne lui avaient donc pas joue un tour? Les yeux du chevalier confirmerent que non...

Un immense sourire se dessina alors sur les levres de la jeune fille, tandis qu'elle se rapprochait de l'animal... Elle allait enfin pouvoir le chevaucher! Elle n'y avait cru que dans ses reves les plus fous... Elle commenca par lui tapotter l'encolure, en lui expliquant qu'elle allait grimper, et lui demandant qu'il ne bouge pas trop...

Le cheval l'avait il entendu? Toujours est il qu'il ne bougea pas lorsqu'elle mit, non sans difficulte d'ailleur, le pied a l'etrier... Elle tendit les bras pour attraper le trousquin et le pommeau pour s'aider a se hisser... C'est a peine si elle arrivait a s'y accrocher! Grison etait plutot grand... Elle n'y avait jamais fait attention... Dans son equilibre un peu bancal, elle sautilla plusieur fois pour se donner un peu d'elan et... En une grande poussee, elle se retrouva en equilibre, un pied dans l'etrier...

Grison avait du trouver le temps long, aussi fit il deux trois pas en avant, vite stoppe par le chevalier... Elle chercha alors a passe sa jambe de l'autre cote de l'animal, mais avec sa robe, la chose devenait difficile... De plus, la jambe du chevalier etait bien plus longue que la sienne, et la distance n'etait pas la meme pour atteindre le haut de la selle... Mais peu importait! Elle n'allait pas se laisser decourager pour autant!

Lachant le trousquin, elle remonta sa robe pour degager sa jambe et la poser sur le siege... Puis elle poussa de nouveau sur sa jambe gauche, et se retrouva enfin en selle... C'etait une... Drole de sensation... Elle sentait ses jambes ecartelees par la taille de l'animal, la peau de ses cuisses, non habituee a ce genre d'exercice, frottait douloureusement contre le bois et le cuir de la selle... Elle prit alors les renes, un peu de criniere, et fixa la route devant elle... Les etriers etaient trop bas pour qu'elle puisse mettre les pieds dedans a present, mais peu importait... Elle n'avait pas l'intention de chevaucher trop fort pour le moment...

Elle se redressa, releva la tete, sourire sur les levres et yeux brillant d'excitation, rassembla ses renes, et donna deux coup de talons... Ses jambes etaient courtes, et elle bien trop gentille pour que l'animal n'ai sentit quoi que ce soit de genant, mais il l'avait sentit remuer... Aussi se mit il au pas. Elle commenca alors a se balancer au rhytme de la bete, ne pouvant s'empecher de pouffer legerement de rire... Ainsi c'etait ca qu'il voyait tandis qu'elle marchait a ses cotes? La vue y etait differente en effet...

"Dites Sire... Vous savez nager?"

Cette question, pose d'un seul coup dans une situation pareil pouvait sembler completement absurde... Mais le cerveau de Maelan etait sans cesse en marche... Et il lui avait parle de bateau... De mer... De grandes eaux... Elle n'etait pas du genre poisson, et cela l'inquiettait peut etre un peu...

Comme tous les enfants de Sion, Heilen savait parfaitement nager. En effet, une sorte de course rituelle se déroulait chaque premier jour du printemps, à la fête du crocus, dans le fleuve encore glacé par l'hiver. Il fallait être fort pour résister au courant, car la course était une remontée du fleuve. Et surtout, endurer les assauts d'un froid terriblement glacial. Fils du comte, il avait dès ses 11 ans dû y participer. Alors oui, il savait nager. Ceci dit, nager avec une cotte et tout le reste, c'était surtout couler...Voilà pourquoi il ne revêtait jamais tout son attirail lorsqu'il franchissait par bateau un bars de mer ou ne serait-ce qu'un fleuve...
Nager de toutes façons était à ses yeux une nécessité. Cela faisait partie des choses qu'un chevalier devait maîtriser. Et même s'il n'aimait pas particulièrement cela, il pratiquait sans problème. D'où son inévitable question.

- Oui, et toi ?

En la regardant, il put constater qu'elle se débrouillait pas mal pour quelqu'un qui montait pour la première fois...Tout du moins le supposait-il...


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Maelan aurait aime ne pas repondre a cette question... Pour la simple raison que sa reponse etait negative. Oh oui, elle avait deja du barbotter a la facon d'un chien pour passer des endroit ou elle n'avait pas pied, mais cela ressemblait plus a de la brasse coulee qu'autre chose...

"Et bien... Je dois vous avouer que non..."

Une legere couleur rose se dessina sur ses joues, alors qu'elle regardait la route loin devant elle, evitant ainsi de croiser son regard.... C'etait pourtant pas une honte de ne pas savoir nager... Si?

- Ah, eh bien il faudra apprendre. Dès que nous serons en situation de pouvoir le faire, nous le ferons. Car c'est comme chasser, ferrailler et discourir. Un chevalier de Sion doit savoir nager !

Phoenix ne s'en rendait pas compte mais il venait de parler comme son père. Etrange remugle. La chose en tout cas allait poser problème car pour nager, il faut être en tenue adéquate. Et ni l'un ni l'autre y avait semble-t-il pensé...ce problème se poserait. Car notre chevalier, qui n'avait aucunement pris la mesure de ce qui se passait en lui, serait dans une situation bien fâcheuse pour son esprit, que seule la bonne morale chevaleresque sauverait du désastre en temps et heure. Il penserait, évidemment, à une tenue légère ou mieux encore, à se couvrir les yeux. Mais dans tous les cas, cela ne ferait que sauver les apparences. Car rien n'empêcherait les esprits de s'échauffer. Déjà qu'il la trouvait rayonnante sur Grison, comme si elle avait été toujours faite pour cela, monter à cheval. Il était en train tout bonnement de l'admirer, oubliant ses déséquilibres et les réglages à faire pour qu'elle soit à son aise... Et le couple qu'elle formait déjà avec l'animal attestait que la petite avait la main cavalière...Heilen oubliait tout en cet instant.

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Maelan ne fit pas de commentaire, quoi que l'idee d'apprendre a nager ne l'enchantait guere... Oui, elle savait que se serait utile, mais elle avait toujours eut une petite aprehension lorsqu'il sagissait de traverser un cour d'eau... Pourquoi? Elle ne se souvenait plus bien... Tout restait assez flou dans sa tete, enfin! Ca n'avait pas grande importance de toute facon... Le chevalier savait ce qu'il faisait, et elle lui faisait confiance.

Grison continuait de marcher d'un pas tranquil, balancant agreablement la jeune demoiselle qu'il portait sur le dos... Maelan apreciait toujours autant cette sensation, bien que les frottement de la selle contre sa chaire commencait a devenir douloureux...

"Vous allez m'apprendre a me servir d'une epee aussi?"

Heilen dut se décider. Car il était sceptique quant à la capacité de maëlan à tenir une lourde épée. Il fallait être délicat. Mais dans le même temps, juste.

- Il faudra te muscler pour tenir une épée. Et certainement pas une épée à deux mains. Tu pourras un jour user de l'épée longue, c'est une question d'apprentissage de l'équilibre. Epée batarde et bouclier serait approprié, voire une épée courte car à mon avis, tu devrais compter sur ta vivacité....Oui, ce serait le bon équilibre...Mais d'ici là, tu dois apprendre à tirer à l'arc. Tu vas prendre l'arc là et tout en faisant trotter Grison, tu vas viser un arbre à disons...vingt pas.

Le chevalier tenait cette technique d'apprentissage du maître d'armes de son père. Au galop, yeux bandés, viser une cible au son. On n'en était pas là avec maëlan, il faudrait du temps. Beaucoup de temps. Des années. Son corps changerait, s'enlaidirait, forcirait et gagnerait en précision, la précision plus que la force...

- Allez, au travail écuyère.

Il lacha délicatement Grison. Il fallait la laisser prendre confiance.

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- Maëlan !! Maëlan.............

Note homme, grisé par le moment, s'était laissé aller à demander une chose trop compliquée. Il avait oublié l'espace d'un instant qu'elle ne savait pas monter. Alors évidemment...

- Maëlan tout va bien ?

Arrivé vers elle, alors que Grison s'était arrêté brouter un peu d'herbe, il vit qu'elle était complètement sonnée. Il la retourna, constatant qu'elle avait le visage marqué par une pierre à l'endroit de la tempe. Evanouie, elle ne répondait pas. Il commença de frotter doucement le visage de la jeune fille qui ne revenait toujours pas à elle, Heilen s'en voulait déjà de ne pas s'être rendu compte de son exigeance insensée. On ne demande pas à quelqu'un de courir quand il ne sait pas marcher. cette leçon, il aurait dû s'en souvenir pourtant...

- Maëlan dis moi quelque chose, fais moi un signe...

Il finit par la serrer contre lui, l'affection étouffant son sens de la médecine. Mais c'est peut-être cela qu'il fallait. Lorsque l'on se fait mal, on a vite froid ensuite, comme si le corps s'arrêtait de brûler sa vie. La serrer faisait partie de la solution. Mais notre homme ne le savait pas.
De longues minutes s'écoulèrent puis il finit par la laisser le temps d'aller chercher un beaume qu'il utilisait en cas exceptionnel, un onguent efficace aux vertus calmantes. Et son odeur fraîche réveillait souvent les sens. C'est ce qu'il mettait sur sa vieille blessure lorsqu'elle se réveillait brutalement. Cela serait peut-être efficace.
Le petit corps immobile de maëlan gisait là, il devait agir vite car ça gonflait sur sa tempe et elle ne bougeait toujours pas. Grison s'était rapproché, poussant du naseau au niveau des côtes mais rien n'y faisait...

- Laisse Grison...

Il appliqua alors la sorte de crème blanchâtre. Doucement, faisant en sorte qu'elle pénètre, sans en gâcher une miette et tout en faisant un mouvement régulier apte à créer l'harmonie là où elle avait disparu. Phoenix ne montrait rien mais il n'en menait pas large.


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Rien, toujours rien, elle ne bougeait pas, ou si peu...
Il décida de sortir les grands moyens. Après avoir achevé le massage, il alla chercher une couverture afin qu'elle ne prenne pas trop froid. Emmitouflée dedans, elle attendrait. Lui, après avoir enfin attaché Grison, fit du feu, chauffa de l'eau afin de plaquer un tissu chaud sur sont front. Mais déjà ses mains refroidissaient. Quel idiot il avait été.... En ces moments de questionnement, il n'avait pas envie de voir autre chose qu'une femme blessée par sa faute, qu'il se devait urgemment de soigner, guérir, pour que rien ne paraisse demain sur son corps idéal. Et lorsque le feu fut assez important pour qu'elle profite de ses bienfaits, il se prit à espérer qu'il avait fait ce qu'il fallait.
Combien de temps s'était passé depuis la chute ?...Une heure peut-être, c'était long pour un étourdissement. Mais cela lui était déjà arrivé. Suite à un coup, pas à une chute il est vrai mais on ne choisit pas la façon de se casser la jambe...
Afin de s'occuper, et car il se sentait un peu coupable, ce qu'il avait évoqué quelque temps plus tôt comme une épreuve pour elle, il le fit lui-même. Comme des beaux noisetiers poussaient dans les environs, il fit dans la branche de l'un d'eux un arc. Prenant la mesure de la longueur du bras de maëlan, il ajusta la taille de celui-ci. Puis il le tailla, l'écorça, le banda avec de la corde. C'était sommaire, un jouet plus qu'une arme. Mais il était bien né. Au premier essai, il fit mouche sur un petit oiseau. Silencieux et puissant. Un arc bien né...
Maëlan ne semblait toujours pas sortie de son sommeil. Il en profita pour poser des collets, il s'occupait. Mais la journée avait pris fin ainsi. Et toujours pas de réveil...
Il tenta finalement un nouveau massage, et là...elle se mit à bouger légèrement...
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Combien de temps les brumes l'environnerent? Ca... Elle n'aurait pu le dire... Elle entrouvrait de temps en temps les yeux, mais ne voyait rien d'autre que des points lumineux s'allumer et s'eteindre tour a tour devant ses yeux, a tel point qu'elle se devait de les refermer avant de recracher le contenu de son estomac sur la couverture...

La couverture? Oui, parce qu'elle etait au chaud... Malgres ses absences plus ou moins longues, il lui arrivait de se sentir manipuler, probablement par le chevalier... Qui d'autre de toute facon! Surement pas Grison! Ce sale ingrat qu'elle engraissait jour apres jours, l'avait jette a terre! Et bien fini les pommes et les pissenlis! Les ronces croquantes ou les feuilles tendres! Maintenant il se debrouillerait sans elle!

Enfin... C'est ce que son esprit endolori pensait alors qu'elle reprennait peu a peu conscience, aidee par le nouveau massage du chevalier sur sa tempe... Bon sang ce que ca faisait mal! Mais cette fois ci, elle pu remuer... Du moins, ses bras purent bouger, ses paupierent s'ouvrirent de nouveau, et elle tourna la tete pour qu'il cesse de lui toucher la tempe....

"S... Sire Heilen..?"

Dit elle d'une petite voix, tandis que ses yeux faisaient le point sur le decord alentour... Il faisait nuit? Ca alors... Elle tenta de se redresser, grimacant sous l'effet des courbatures et des bleus qui ornait son corps...

Lorsqu'il l'entendit, au coeur de la nuit, enfin parler, ne serait-ce que du bout des lèvres, il fut soulagé. Bien sûr, elle n'en menait pas large. Mais au moins était-elle encore capable de parler. Peur ? Assurément il avait eu peur. Le poids de cette responsabilité nouvelle pour lui était plus qu'une simple entrée en chevalerie. Maëlan était une fille, Maëlan provoquait en lui des émotions, et chahutait tout ce qui avait été patiemment ordonné par les ans et l'immobilisme de la haine. C'est comme si, en ces instants, il réalisait qu'il avait été lui-même étouffé, sonné, évanoui par le temps et la douleur. Oui, tel un enfant qui ne dit plus rien car il a si mal...Alors qu'elle se réveillait, il se réveillait aussi. C'était une sorte de révélation pour lui-même, comme si les deux avaient eu besoin de cela pour prendre conscience...

- Ne dis rien, surtout ne dis rien. Et bois ceci, cela te fera du bien.

Il avait préparé une sorte de boisson énergisante de sa composition, à base de tout ce qu'il pouvait trouver de tonifiant dans la forêt. Disons ce qui est, c'était une boisson efficace pour qui parvenait à l'avaler. En soi, cette étape constituait déjà un cap ! Tu bois, t'es apte à endurer l'enfer ! Maëlan, que la douleur semblait encore faire souffrir, parvint à en avaler une gorgée. Sucre, arômes de plantes fortes, écorces et résines étranges semblaient composer la mixture. Pour qui serait capable d'oublier la première impression, feu et amertume se battant les papilles...

- là, doucement, bois encore un peu si tu le peux...

Le chevalier trouvait en lui des réserves insoupçonnées de tendresse, et Grison, debout derrière eux, semblait le manifester avec ses deux oreilles en arrière, à l'affût du moindre signe de son maître....

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- Je...Ecoute...

Le chevalier était si embarassé de lui avoir causé tord qu'il ne savait que dire. D'ordinaire, il aurait sans doute hurlé qu'il ne fallait pas faire une chose que l'on ne sentait pas, sans doute aussi aurait-il raillé son style de chute direct et efficace. Quelque chose pourtant le retenait. Comme s'il réapprenait la courtoisie, chose que ses années de solitude avaient oblitérées. Ne réfléchissant pas, il finit par dire, confusément.

- Pardonne moi, je ne ...c'est ma faute, pas la tienne.

Pour cet homme âgé, si peu enclin à avouer ses erreurs ordinairement, sauf à brailler contre un canasson, une révélation venait de se produire. Mise en lumière de ses propres incapacités. Mais constat de la rédemption possible.

- Tu, tu es juste bien sonnée. Mais ton visage reste le même. Une grosse bosse que le beaume contribuera à la résorber vite.

Alors qu'il tenait la main de Maëlan pour la lui réchauffer, Heilen espérait un signe de sa part...


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Sa faute? Voila qui lui fit lever les soucils de surprise. Elle ne pensait pas que ce soit sa faute... Apres tout, les chutes faisaient parties de la vie. Elles n'etaient peut etre pas toutes aussi douloureuses, au du moins pas aussi "choquantes" que celle ci mais... Ce n'etait la faute de personne. Elle etait juste inexperimentee, et ca, personne ni pouvait rien. Le chevalier encore moins qu'un autre... Elle ne sut trop quoi repondre, alors qu'il tenait sa petite main serree dans la sienne...

"Je vais bien, sire Heilen... Juste une legere absence..."

Le feu crepitait non loin d'eux, aussi brulant que le froid qui les entourait... Elle remonta la converture sur ses epaules afin de s'en proteger, et reporta son attention sur lui. Son pale sourire n'avait pas l'air de le rassurer plus que ca, elle esperait que ses paroles suffiraient a le calmer sur son etat... Oui elle etait encore un peu sonnee, elle avait mal au dos, aux jambes, et surtout au crane, mais elle avait deja experimente pire. Nottament, le souvenir cuisant d'une chute du haut du pommier du champ du voisin de celui de son pere lui revenait en memoire... Elle avait du passer plus d'une semaine au lit pour s'en remettre! Cette chute ci n'etait pas si terrible finalemment...

Du bout des doigts, elle effleura la bosse violette qui lui ornait a present la tempe, et grimaca legerement sous la douleur... Il lui suffirait de ne plus y penser, voila tout... Et d'eviter de dormir de ce cote la, cela va sans dire!

"J'ai "dormi" longtemps?"

- Assez longtemps pour que je sois inquiet. Cela fait bien 8 heures. Une éternité d'inquiétude Maëlan. Mais maintenant tout va bien.

Il se sentait rougir un peu aussi trouva-til le prétexte de resserrer l'attache de Grison afin de disparaître le temps de redevenir blanc comme un linge...Il ne savait pas quoi dire en fait. L'inquiétude avait laissé place à la gêne.

- Ne te relève pas trop vite Maëlan, il faut faire attention.

Il s'était laissé griser le matin même par la situation autant qu'il se laissait désormais affaiblir par sa crainte. Cet homme changeait aussi vite que les couleurs du soleil couchant...


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Une eternite d'inquietude? Il l'aimait donc un peu? Cela suffit a Maelan pour enlever une bonne partit de la douleur... Elle ne se sentait plus un fardeau dans les pieds du chevalier. Il s'inquiettait pour elle, il tenait a elle... Pas besoin de plus pour lui rendre la forme! Aussi, malgres ses sages conseils, elle laissa retomber la couverture sur le sol et se redressa, foulant de nouveau la terre de ses pieds...

Mais le tournis la rattrapa bien vite, aussi prefera t'elle s'accroupir aussi sec devant le feu, faisant mine de s'y rechauffer les mains pour ne pas ramener l'inquietude sur son visage. La nuit offrait un avantage au vieu chevalier, il pouvait changer de couleur a loisir, elle n'y voyait que du feu! De toute facon, aurait elle su interpretter le rougissement de ses joues comme il le fallait?

Preferant ne pas s'attarder sur cet incident plus longtemps, elle demanda:

"Dites sire Heilen... Comment est ce chez vous?"

Tout en remettant sur les épaules de Maëlan cette couverture qu'elle s'osbtinait à vouloir enlever, il apprécia de ne pas avoir à plus encore expliquer l'inexplicable. L'occasion était trop belle de changer de conversation.

- Eh bien, imagine des montagnes si hautes que tu te casses le cou à tenter d'en voir le sommet. Couvertes de neige blanche de Janvier à Janvier. Des vallées resserrées, sinueuses qui les traversent avec de petits villages le long de rivières torrentielles. Des maisons aux toits pentus pour que la neige tombe dès qu'elle peut. Des murs épais comme des murailles, et des vaches par milliers. Des hommes durs comme la glace, au coeur vibrant mais qui parlent peu. Les montagnards sont des gens rudes, exigeants. Mais qui savent ce qu'est la solidarité et l'entraide. Mes montagnes sont infestés de bêtes féroces que personne ne peut affronter. Elles grouillent de bruits étranges et de démons nocturnes. Un monde féérique Maëlan un monde dangereux, le domaine des Dieux. Le refuge des âmes perdues. Il faut avoir une bonne raison pour oser tenter de les traverser.

Il s'arrêta un instant puis reprit.

- Oui, une bonne raison...Enfin, rien ne peut décrire ce spectacle de la nature, seul l'oeil peut te le faire comprendre. Tu verras Maëlan, tu verras.

A ce moment, il prit l'arc qu'il avait confectionné durant l'après midi...

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Maelan l'ecouta lui raconter son pays avec une attention toute particuliere... Les yeux ronds, la bouche entrouverte, ne bougeant plus d'un cil, comme si le moindre mouvement romprai le charme ou interromprai le cour de l'histoire... Ces betes qui lui decrivaient etaient aussi attirantes que terrifiantes... Peut etre n'aurait il pas du insiste sur le cote dangeureux, mysterieux et magique de la chose, car maintenant la seule chose qui lui trottait dans la tete c'etait d'en voir une...

Oui, elle verrait... Que ce soit les hautes montagnes qui chatouillaient le ciel, les torrents glaces ou les forets obscures, elle verrait... Mais son esprit fut bientot perturbe par l'objet que tenait Heilen entre les mains... Quoi encore? Elle prefera ne rien dire, mais son sourire se figea legerement...

"Un nouvel arc?"

- Oui....Je me suis dit que l'arc était la raison de la chute...Trop grand pour toi. Aussi...enfin disons que j'ai fabriqué cet arc pour que tu t'entraînes. Il devrait être à ta taille. Bien sûr, c'est un travail sommaire. Mais il ira bien pour apprendre les rudiments. Et de toutes façons, pour utiliser un grand arc, il faut une force que tu n'as pas. Celui-là sera le bon pour apprendre....C'est un cadeau.

En le lui tendant, il n'osait pas la regarder en face, comme si l'objet était une sorte de demande de pardon pour lui. Dans l'intimité de leur relation naissante, Heilen avait du mal à rester ce qu'il devait être, un chevalier dur, raide comme la justice. Décidément, il ne parvenait plus à faire la part des choses. Mais en même temps, il le faudrait.

-...Et dès demain, je t'apprendrai à monter à cheval. C'est le plus urgent. Tu vas monter Grison, je marcherai. Ce n'est pas un problème. Et quand tu ne monteras pas, tu apprendras l'arc...Il est temps pour moi d'être utile en ce monde.


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Le pas en avant etait enorme... Elle passait du stade de "servante" itinerante a celui d'ecuyere officielle... Meme si il l'appellait comme ca depuis le debut, il etait facile de sentir qu'il n'y croyait pas. Mais par ce geste, et l'exposition de son plan d'aprentissage, la preuve etait maintenant faite... Le destin etait celle, sa vie a present tracees, ses pieds l'entrainant sur une route a laquelle elle n'aurait jamais pense...

Elle prit l'arc dans ses mains, se contentant de l'observer en silence, et de le faire glisser doucement entre ses mains pour en caresser le bois avec douceur, fixant l'objet avec un sourire enigmatique... Puis elle releva les yeux vers lui, et, dans un elan de gratitude incense, se jetta dans ses bras...

Tendresse d'une petite fille perdue a qui on montrait le chemin, elan de joie et de reconnaissance... Quel mot aurait pu exprimer tout ce qu'elle ressentait? Aucun ne lui etait venu a la bouche... Aussi c'etait elle logee au creux de ses bras, le serrant avec force contre elle en retenant une larmes... Il faut dire aussi que le choc sur la tempe n'arrangeait pas grand chose en meme temps...

Ce ne fut qu'au bout de quelques secondes qu'elle se rappella que ce n'etait pas la des choses a faire... Elle se sentit glacer en se rendant compte de son geste irreflechi et inconcidere... Aussi se retira t'elle aussi vite de ses bras qu'elle y etait entre, rougissant a son tour, mais gardant le sourire malgres tout. Elle reprit l'arc a deux main, le fixant avec insistance pour ne pas croiser le regard certainement severe et choque du chevalier, et dit d'une petite voix joyeuse:

"Merci..."