"Evasion et Rédemption"

-Moui.....C'est pas mal...Mais il en reste deux...et puis, bon, à 20 pas, faudraît être une f.....euh, une fichtre aveugle pour rater la cible...

Le chevalier avait évité l'incident de peu, aussi valait-il mieux passer à la suite. Il notait dans la position de la jeune fille un décalage par rapport à la position naturelle. Aussi se dit-il qu'il fallait l'observer encore avant d'émettre un avis précis. C'était peut-être la tête, peut-être l'oeil...ou...plus grave, le dos. Mais c'était dur à dire. D'autant que l'arc n'était pas à sa taille. Ceci dit, il attendait pour voir mais elle semblait avoir de la volonté dans les bras...

- Bon, attendons...Tu vas refaire la même chose en te concentrant sur la souplesse. Ce n'est pas une question de force mais de maîtrise de la puissance. Allez, 30 pas Maëlan !

Heilen la trouvait belle dans cette position. Qu'il était dur d'imaginer qu'elle aurait peut-être à tuer un jour...La vie est contre nature !

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A force d'observer Maëlan se contortionner dans tous les sens pour trouver une position convenable, Heilen finit par douter de ses capacités à stabiliser son corps. Et de fait, douter d'elle....Quand il eut un éclair de génie...enfin, disons modestement qu'il comprit un peu tardivement ce qui posait problème. Et notre homme était bien embarassé. Parce que là, sur le champ, il n'avait pas la solution. Et il doutait de la trouver un jour, à part qu'elle invente sa propre position, ce en quoi il ne pouvait pas bien l'aider. Ce n'est pas qu'ils étaient gros mais ils la gênaient, assurément. Heilen cogitait. Dur même et surtout, il ne savait que dire. Il finit par se lancer.

- Euh, c'est que...enfin ...euh...je crois que...c'est un problème anatomique Maëlan. Mais je sais pas comment le résoudre. Va falloir plus de force, enfin, une façon de tendre l'arc qui soit plus efficace et rapide. Plus rapide. Lorsque tu seras plus sûre de ton tir, tu seras plus rapide, et donc cela sera moins dur. Mais tes...formes...enfin...enfin tu vois quoi, ben ça te gêne...

Heilen ne savait vraiment pas quoi dire aussi se concentra-t-il sur l'objectif.

- Il en reste une Maëlan, concentre toi et cherche la bonne position pour toi. Tu dois trouver ta propre voie.

En s'entendant dire cela, il se trouva surprenant...Cette femme avait sur lui des effets pour le moins stimulants. Il était un meilleur homme avec elle que sans !

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"C'est un probleme anatomique..." Il en avait de bonne! Comme si elle avait besoin qu'il ne lui dise... Forcemment qu'elle avait remarque qu'elle avait une petite difference physiologique qui lui posait probleme! La meme qui l'empechait de dormir confortablement sur le ventre, ou que savait elle encore... Mais ce n'est pas en lui faisant remarquer une fois de plus que ca l'aiderai d'avantage... Enfin bref!

Se gardant de ronchonner a haute voix, elle prit la derniere fleche... et se decalla legerement de l'objectif, se mettant de profile... Ainsi, il lui etait plus facile de tendre la corde de l'arc sans etre derangee par ses collines de chaire... L'angle de tir devenait different seulement, et elle en etait consciente. Malgres sa faible experiance, Maelan etait une fine observatrice...

Elle tendit la corde de son arc avec rapidite, mais resta un long moment a viser, fermant un oeil pour une meilleur visee, sa main trembant legerement a force de retenir la tension qui ne demandait qu'a filer.... Elle lacha enfin, retenant son souffle... La fleche partit vite, laissant entendre un petit bruit de vent derange par sa trajectoire... Mais n'atteint pas son but. Elle passa a quelques cm de la cible, la faisant s'agiter tres legerement, et alla se ficher bien plus loin, perdue dans le noir de la nuit...

Maelan abaissa son arme alors, decus que son tir n'est pas ete fructueux... Elle n'etait pas prette de ramener un oiseau! Si deja un morceau de mousse grossierement suspendu a un arbre lui resistait...

"Je suis desolee Sire Heilen... Je ne devais pas etre assez concentre..."

Elle reposa l'arc non loin du feu avant de s'eloigner a la recherche de la fleche perdue, scruttant l'obscurite avec ardeur, les yeux plisses et la tete tendue en avant... Qu'est ce qu'il faisait noir! Ou etait donc passe la lune??

- Recommence. Recommence dans l'instant. Tu n'étais pas loin. Il faut chercher l'origine de ce petit écart. Si peu différencie la réussite de l'échec. Recommence Maëlan, c'était beaucoup mieux...

Le chevalier avait bien perçu la déception dans la voix de son élève. Mais lui savait surtout qu'il ne faut jamais rester sur un échec. Et là, au-delà de la difficulté à viser juste, il y avait tout une technique qu'elle cherchait à maîtriser du mieux qu'elle pouvait. Il le sentait. Lui aussi était déçu par l'échec. Mais lui savait que cela fait partie de l'existence. L'apprentissage passe par là. Elle devait réussir. Et elle réussirait, il en était sûr. Il fallait juste qu'elle apprenne à viser plus vite encore. Surtout à une faible distance à ses yeux. Mais qui pour elle était une grande distance. Il hésita à lui donner conseil, pensant bien que c'était le temps de visée qui avait gâché l'affaire. Ne rien dire et la laisser faire eut été le mieux. Mais il était tard, Maëlan avait marché, fait du cheval, assez douloureusement pour finir. Et puis tout le reste. Heilen conclut qu'il fallait dire. Tout en s'approchant d'elle, il lui tendit une de ses flèches à lui, chercha du plus doux qu'il lui était possible de parler à son embryon de chevalière.

- Maëlan, dès que tu es sûre de toi, lâche la flèche. Il ne faut pas tirer sur les bras... Dès que tu es sûre de toi, lâche la flèche. Tu vas réussir, je le sais.

Il s'écarta d'elle en priant pour qu'elle réussisse. Enfin non, il n'en doutait pas lui, il sentait qu'elle toucherait au but...Non, il priait pour elle.

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Maelan avait recupere la fleche apres quelques minutes de fouilles infructueuse... Elle avait fini par la retrouve pres d'une touffe d'herbe, tout en sachant pertinament qu'elle etait passee devant au moins 5 fois sans s'y attarder... Enfin! Elle reprit sa place, arc en main, decontractant ses bras avant de se mettre de nouveau de profil face a la cible... Si celle ci avait une ame, le regard qu'elle lui lanca aurait suffit a la faire tomber! Mais ce n'etait pas le cas, et cible et fille continuerent de se "devisager" quelques secondes avant qu'elle ne se remette en position.

Il fallait etre sur, et elle le serait nom d'une p'tite patate! C'etait pas un stupide carre de mousse qui allait la defier plus longtemps non? Et puis quoi encore? Retenant son souffle, les paroles d'Heilen resonnant dans sa tete, et la determination se lisant dans tout son etre et dans toute sa personne, elle tendit de nouveau la corde de l'arc... Elle ne prit pas enormement de temps pour viser, penchant legerement la tete de cote avant de lacher la corde vibrante de l'arc sans prendre le temps de reflechir plus longtemps... Elle avait compris une chose, le doute n'avait pas de place dans cet art. La reflexion non plus.

La fleche fendit l'air de nouveau, et, pleine de sa determination, se ficha dans le carre de mousse avant de se planter dans le tronc derriere... La chance du debutant? Les prieres d'Heilen? Des elements qui avaient eut peur de lui resister? Ou tout simplement un tir de maitre? Peut etre un peu tout a la fois... Pourtant, elle mit un certain temps avant de retrouver le sourire, comme si elle avait du mal a sortir de la sorte de transe dans laquelle elle c'etait plongee pour reussir...

Pendant un instant, l'enfant avait fait place a la femme... Une femme dur et inflexible, une femme a la volonte de fer... Mais deja, celle ci s'evanouissait pour laisser place a l'enfant innocente et insouciante, souriant enfin de son exploit... Elle se tourna alors vers le chevalier, s'embronchant dans sa precipitation dans un petit buisson juste a ses pieds, qui eut vite fait de calmer son instinct de "chien fou", mais ne lui retira pas son sourire pour autant...

"Alors?"

- Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiii.

Un père n'eut pas été davantage heureux d'apprendre qu'il avait un fils. C'était donc possible pour lui de savoir dire les choses de façon à encourager. Et guider. Il ne le comprit pas ainsi mais on peut parler de révélation sur lui-même et l'existence...Ceci dit, il fallait penser à la suite. Et il savait qu'elle ne serait pas capable avec un tel arc de viser plus loin. Bref, il mit fin à la séance de tir, ce qui tombait bien car la grouse était cuite !!

- Mangeons pour fêter cela. Nous reprendrons plus tard.

Il était en train de chercher quelque chose dans son sac. Pour en tirer une corde de qualité, qu'il trouva et mit sur l'arc de Maëlan. Le tendant vers elle qui était en train de sortir la grouse du feu, il dit.

- Celle-là dvrait mieux résister à la fougue de ta jeunesse...


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Maelan fut soulagee de la treve annoncee... Non pas que l'entrainement la derangee, mais recommencer apres un coup pareil ne pouvait etre que moins bon, forcemment... Comment suplanter la perfection? Bon d'accord... Elle avait peut etre un peu les chevilles enflees pour le coup mais bon... La marche ne serait que pour le lendemain, et puis un brin de fierte n'a jamais tue personne...

Elle s'accoupit devant le feu, remontant sa robe pour qu'elle ne traine pas trop par terre, et sortit la grouse du feu tans bien que mal, pour la poser sur une ecuelle... C'est qu'il etait lourd l'animal! Et puis chaud surtout... Elle fit une pause dans sa besogne pour recuperer son arc, et le poser pres d'elle, puis entreprit de decouper la bete...

"Vous preferez l'aile ou la cuisse?"

- je prendrai le morceau que tu ne prendras pas, pourvu que ce soit l'aile !

Et le chevalier d'éclater de rire.

- Tu mérites le morceau de choix après un tel tir. Mais j'aimerais quand même que tu jettes un oeil à ton arc ainsi bandé ! Je t'ai mis ce que j'avais de mieux en réserve. Cela le durcira un peu mais il reste plus souple que le mien. Tu n'iras pas aussi loin avec celui-là que moi-même avec le mien. Mais celui-là te convient...Si tu daignes y jeter un oeil...

Heilen comprit qu'elle en était restée à la cuisine. Mais elle avait parfois tendance à ne pas l'écouter. L'euphorie de la jeunesse. Sans doute...

- Maëlan ?!!...


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En effet, Maelan, tout a sa decoupe, ne faisait strictement pas attention a ce que le chevalier pouvait bien lui raconter... Elle, d'ordinaire si attentive et avide de ses enseignements, etait a present trop gorgee de fierte et de contentement pour se rendre compte qu'il lui parlait la de choses importantes...

Apres avoir soignement casse l'os qui retenait encore l'aile au corps, elle s'attaqua a la chaire, puis passa a la cuisse, qu'elle decoupa avec le meme soin... Elle etait a la limite de fredonner une chanson! Et alors qu'elle reposait le couteau dans l'assiette et sucait le bout de ses doigts plein du gras de la bete, elle fut interpellee par le chevalier, sortant d'un seul coup de sa reverie...

"Hu?"

Elle le regardait comme s'il venait d'apparaitre sous ses yeux, cherchant ce qu'elle avait pu faire de mal... C'est alors qu'elle se rappela que celui ci tentait de communiquer avec elle alors qu'elle etait completement ailleur... Rougissant legerement et ramenant ses bras sur ses jambes pliees en equilibre precaire devant la grouse, elle repondit:

"Excusez moi sire Heilen... Vous disiez?"

Déconcerté par la légèreté de Maëlan, le pauvre Phoenix n'eut d'autre choix que de laisser tomber. Avec une moue très claire, il répondit.

- Euh, non rien d'important.

Dans son coeur, c'était l'hésitation. Fallait-il comprendre son état de joie lié au fait qu'elle réussissait ? Devait-il accepter que son nouveau statut de précepteur lui imposait de la patience, chose dont la nature l'avait mal pourvu ? Son caractère allait-il s'exprimer, lui qui avait fait déjà tant d'efforts pour elle ? Notre homme était en situation orageuse. Car s'il était content de sa réussite, il ne se rendait psa compte qu'il voulait sans cesse lui apprendre et qu'elle avait besoin de se reposer. Voilà quel était le problème d'Heilen en fait. Il en voulait trop, trop vite. Et tandis qu'il reposait l'arc, déçu que son cadeau soit ainsi traité, il finit par dire à l'écuyère.

- Puis-je avoir mon aile ?

Si Maëlan, malgré son ivresse du moment savait être observatrice, elle verrait bien l'arc àun moment ou un autre...Il décida de laisser faire la providence. Et tendait la main pour recevoir son morceau.

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Bon, au vu de la moue qu'il venait de faire, il etait clair qu'elle aurait du ecouter... Mais trop tard! Et puis elle avait du mal a s'en vouloir sur ce coup la... Il parlait tout le temps, ou presque, elle ne pouvait tout de meme pas etre attentive a chaque fois quand meme... Si? Tans pis... Elle lui tendit l'aile en question, son ventre criait famine! Quand on reussit des exploits, et surtout quand on marche ou chevauche des journees entiere, il est normal que l'on ai faim le soir venu...

Elle s'essuya les mains, et alla s'assoir sur une pierre pres du feu, le dos au chaud, et la cuisse de l'animal dans les mains... Apres un sourire rapide au chevalier, elle commenca a se battre avec la chaire de l'animal... Et oui! Parce qu'un oiseau sauvage n'a rien a voir avec un poulet eleve en batterie... La chaire, en plus d'etre ferme et des plus savoureuse, est surtout bien musclee et resistante... Aussi, il etait difficile de manger gracieusement a cette epoque... Bataille chaire ferme - dent mal brossees etait pratique courante...

Mais ne dit on pas que c'est meilleur? Manger avec ses doigts et se battre contre sa nourriture a toujours ce petit charme en plus qui rend tout meilleur... Maelan fini d'ailleur tout son morceau pour une fois... Elle qui picorait d'ordinaire comme un moineau semblait avoir trouver de l'appettit en meme temps que des talents d'archere encore insoupsonne...

"Dites Sire... Combien de temps vous as t'il fallu avant de vous faire adouber?"

Et pas un regard sur l'arc...Décidément...Il décidé de faire contre mauvaise fortune bon coeur. Se pliant au jeu du récit de ses exploits de jadis. Mais un récit des plus lucides...

- Tu sais, en tant que fils de noble, j'ai reçu une formation aux armes dès mon plus jeune âge. Et j'ai été fait chevalier à 13 ans. Mais cele ne faisait pas de moi quelqu'un de livrer combat dans le réel. J'ai dû forcir, m'endurcir....Disons que je fus selon moi chevalier à 17 ans. Ensuite...J'ai rencontré Igrèine.

Tout à coup, le chevalier ne semblait plus présent. Ce fut bref mais pesant. Il reprit très vite cependant.

- Et puis, le titre n'est rien, ce que nous en faisons qui importe. Nous sommes si opposés que nous serons déroutants. Et puis après tout, qu'importe que tu sois adoubée, ce qui compte, c'est ce que tu apprendras de moi, puis par toi-même. J'en ai croisé des nobliaux, des chevaliers qui auraient dû me baiser les pieds. Ils ne me jugeaient que sur mon armure ou mon manque de "références". Alors qu'ils auraient dû s'incliner devant moi. Non, franchement, tu le sauras de toi-même le jour où tu auras l'expérience qu'il faut.

A ce moment, Heilen prit son couteau et piqua l'autre aile.

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Igreine... Il n'avait encore jamais prononce son nom... Et voila que son regard se perdait dans le lointain, l'ombre revenant sur son visage... O maudite Maelan! Ne pourrais tu tenir ta langue par instant? Elle baissa les yeux vers les os ronges qui lui restaient dans la main... Meme pas de chien pour les finir... Bah, ca ferait bien l'affaire de quelques betes qui passerait par la apres eux...

Il reprit cependant bien vite ses explication sur les titres et autres choses du genre.... Ce discour, ce n'etait pas la premiere fois qu'il lui tenait, et il lui semblait comprendre ce qu'il voulait dire par la, sans pour autant en avoir une idee bien precise... Oui, elle connaissait peu le monde, mais elle le voyait surtout a travers les yeux du chevalier a present... Son experiance jouait pour elle, et il semblait pres a tout pour qu'elle ne s'ecorche pas trop a la vie.... Il commencait d'ailleur par la desillusionne sur tout et toute chose. Sage decision? Oui, probablement, mais il devait prendre garde....

Maelan est de celle qui aime a rever... De celle qui en ont besoin pour croire en quelque chose... Mais aussi de celle prette a s'emerveiller du peu... Peut etre qu'il avait raison en lui disant que le monde est dur, et les gens rude, mais peut etre etait ce tout simplement lui qui avait perdu cette lueur enfantine au fond des yeux qui rend la vie si belle... Elle releva les yeux vers le chevalier une nouvelle fois, alors qu'il mangeait la seconde aile avec le meme appetit...

"Est ce que vous connaissez des histoires...?"

Comme toujours, Maelan avait le don de sauter du coq a l'ane sans laisser le temps aux gens de suivre le cour de ses pensees... Mais peu importait! Elle aimait les histoires... De celle qu'on raconte le soir aupres du feu... De celle qui parlent de ses animaux fantastiques, d'elfe ou de lutins, et ou tout est permis, meme les reves les plus fous... Et puisque il etait tard, et qu'un feu crepitait a leur cote... Le moment semblait ideal!

- Des histoires ? De quelles histoires veux-tu parler ?

Heilen hésitait. Fallait-il l'entretenir dans des rêves de gloire qu'elle portait du fait de sa jeunesse ? Et plus encore parce qu'elle était femme ? Fallait-il lui montrer le vrai chemin qui serait le sien ? Tôt ou tard, il ne cessait de se le dire, elle comprendrait. Comme elle était en joie, il décida de ne pas lui parler des vraies histoires. Ce qui allait lui coûter parce que lui n'aimait pas ces histoires qui entretiennent le mythe en oubliant la réalité de la barbarie. Ce qui était paradoxal au regard de sa vie passé de vengeance et de meurtres.

- Oui j'en connais mais tu sais, je ne suis pas un très bon conteur. Et puis, il va bientôt falloir dormir Ecuyère. La journée a été longue et il se pourrait, au regard de ce que tu as subi ce jour que ta nuit soit rude. Aussi le mieux serait de charger le feu et de s'endormir au plus vite...

Accessoirement, cela lui permettait de biaiser la question sur Igrèine ou autre sujet qu'il n'avait jamais le coeur à aborder même s'il n'arrivait pas à se re tenir d'en parler une fois par jour...comme une éructation du passé impossible à contenir...


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Maelan se releva de son rocher et jetta le reste de ses os dans les flammes avant de s'essuyer les mains sur sa robe rapidement en soupirant... Oui, il fallait se coucher... Mais la deception restait la pourtant. Meme si elle aimait les enseignements du chevalier, ou l'entendre raconter son experiance de la vie et des gens... Elle aurait tellement aime entendre une histoire ce soir la....

Elle s'aloigna du pseudo campement pour ramener quelques branches mortes et les couper en silence avant de les mettre dans le feu.... Elle batailla ferme avec une branche un peu elastique pendant quelques minutes, finissant par la casser en se mettant dessus des deux pieds et en tirant fort.... Mais bien evidemment, lorsque celle ci se rompit enfin, l'equilibre fut rompu, et Maelan se retrouva par terre...

Le sol est dur lorsque l'on chute, on a beau le savoir, on le redecouvre a chaque fois! Elle serra les dents pour etouffer un juron, batti des cils pour chasser les larmes de douleur, et se releva pour finir de charger le feu... Elle recupera ensuite sa couverture, et s'enroula dedans avant de se rassoir en fixant les flamme, la mine maussade...

"Dans combiens de jours atteindrons nous la grande eau?"

- Deux jours au plus je pense....Maintenant, dormons.

Le chevalier s'était blotti près du feu, avec sa vieille couverture, laissant la plus chaude à la jeune fille. Elle était en train de s'installer en manifestant une certaine forme de déception et d'impatience. Lui savait d'où ça venait. L'excitation de la jeunesse qui apprend. Qui veut tout savoir, tout de suite. Au-delà du fait que lui, cela le gênait de devoir toujours être en activité, il fallait aussi qu'il pense pour deux aux questions pratiques. Et le repos en était une !
Malgré cela, il repensa une partie du début de nuit à ce qu'elle avait demandé. Le conte. Bien sûr qu'il aurait pu en raconter. Des inventés, des modifiés. Certains autres réels. Mais le seul qu'il lui eut plu de réciter eut été celui qu'il n'avait pas vécu avec Igrèine. Le genre de contes irréels car idéal...
Une vie de fuite, de renoncement, puis un jour un messager qui vient de la part des vieux parents réconciliés qui demandent le retour du couple chassé. Le fils qui revient pour dire au revoir à soin père qui se meurt. La bataille pour la succession avec le frère impétueux...Un combat homérique et Heilen qui l'emporte tout en décidant de redonner une partie de ses terres à son frère...
Et puis, et puis le temps des enfants, quatre et peut-être cinq. Igrèine heureuse, ses cheveux qui grisonnent et ceux d'Heilen qui blanchissent. L'âge des grands parents, la vallée qui prospère...En fait, Heilen revit la vie qu'il aurait aimé avoir si les deux pères n'avaient pas été en conflit. Les jeux du pouvoir sont d'une bêtise qu'il n'a jamais comprise. Comment aurait-il gouverné lui ? Sans doute en homme de bien. Mais bien sûr, il est facile de rêver dans les contes. Pas de guerres, pas de famines. Pas de saisons gâchées par un orage...Comment raconter ce conte à Maëlan ? Pouvait-elle seulement comprendre ? Il aurait fallu une force incroyable au chevalier pour aller contre sa nature désabusée afin de satisfaire sa soif d'héroïsme. Il se leva discrètement pour satisfaire un besoin que beaucoup d'hommes de son âge sont obligés de satisfaire plusieurs fois par nuit. Elle dormait déjà. Il en profita pour recharger une dernière fois le feu. Puis la nuit passa ainsi. Calme, froide et humide mais calme...
Heilen ne rêva pas cette nuit là.


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Maelan en effet ne tarda pas a s'endormir... La journee avait ete longue, les chevauchees fatiguantes, et la marche l'avait achevee.... Sans parler du tir a l'arc, de la cuisine et de tout le reste... Bref! Ils avaient eu une journee bien remplie, et le sommeil l'enveloppa sans qu'elle n'ai le temps de rechigner.

Bientot, le campement de fortune laissa place a de grande prairies verdoyante, separee par quelques vaque murets de pierres blanches... De l'herbe a perte de vue, et quelque fois, des moutons par ci par la, brouttant avec entrain... Au milieu d'un de ces champs, un arbre, grand, feuillu, aux larges branches, etalant sa ramure haut dans le ciel et promettant un bel avenir de cabane en bois ou de refuge ... A son pied, un chien. Noir et blanc... Il surveille d'un oeil paisible la prairie qui s'etend devant lui, ou les quelques nuages de laines brouttent sans plus se soucier de lui... Enfin, en remontant un peu le tronc de l'arbre, on peut apecevoir deux jambes d'un blanc presque laiteux, tachetees de petites taches de rousseur... Assise sur une branche, le dos contre le tronc, elle fixe un point au dessus d'elle, le sourire aux levres... Au dessus se tien un jeune homme, aux cheveux aussi roux que les siens, et au visage presque similaire... Son frere...

Puis la vision se brouille, la faisant s'agiter un peu sous la couverture et froncer les sourcils... Une autre prend place...

La maison, une petite chaumiere au toit bas et a la barriere blanche a cote de l'etable... De la cheminee s'echappe un mince filet de fumee brune... Un bruit de pot casse, des hurlements... Les deux enfants s'echappe en riant a gorge deployee... Ils se tiennent la main, et filent comme le vent, tandis qu'une femme d'age mure peste contre eux sur le pas de la porte....

La vision change de nouveau, Maelan s'agite de plus en plus, laissant entendre quelques soupires dans son sommeil...

Maelan se tien sur le pas de la porte... Son pere la tien par les epaules, tandis que sa maratre sourit a leur cotes... Elle agite un mouchoire blanc en direction de la route... Maelan, quand a elle, ne dessere pas les levres... Sur la route, au loin deja, la chevelure rousse de son frere disparait alors qu'il agite une derniere fois la main en leur direction... Deux grosses larmes roulent sur ses joues, avant qu'elle ne se mette a se debattre pour se degager des mains de son pere.... Non! Non! NON! Mael! Mael! Mael!

"MAEL!"

Maelan se reveil en sursaut par son propre cri, perdu l'espace de quelques instant... Ou est elle? Pourquoi? Elle reprend peu a peu ses esprit, en meme temps que son souffle, remettant ses idees a sa place... Voila qu'elle a froid a present... Si froid...

C'est à peine si Heilen fut gêné par les sursauts cauchemardesques de Maëlan. Le vieil homme n'avait jamais de mal à dormir et il en aurait fallu davantage pour le réveiller.
D'ailleurs, il se retourna dans l'instant qui suivit, ce qui fit peur à l'écuyère, mais pour mieux se blottir contre ses jambes, elle qui était assise depuis son sursaut. Cela eut le don de la mettre en position délicate car du coup, elle dut se rallonger dans la plus grande douceur afin de ne pas le réveiller vraiment.
C'est ainsi qu'elle se contortionna savamment pour se lover contre le corps massif d'Heilen. Ce n'est pas tant qu'elle appréciait le fait en lui-même mais la nuit était froide. Et tous comptes faits, la chaleur humaine avait des avantages...
Ainsi passa la nuit. Les deux se réveillèrent au son des sabots de Grison qui semblait signifier que c'était l'heure...Entre temps, les mouvements des uns et des autres avaient été tels que Maëlan avait été peu à peu libérée de l'emprise involontaire du dormeur au sommeil d'enclume ! L'honneur était sauf, c'était déjà ça...

Elle fut la première à se lever.


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- Maëlan !......Maëlan !!!!!

Phoenix appelait son écuyère et commençait à sérieusement pester. Car s'il était une chose qu'il n'aimait pas, c'était de trainer de bon matin alors qu'il s'est levé tôt, alors que tout est en place pour partir du bon pied et que je ne sais quelle raison vous fasse perdre bêtement ce bénéfice. Heilen fit tout pour ne pas gâcher de si bon matin sa bonne humeur. Car il avait bien dormi, lui. Et c'est plutôt rare quand il fait froid comme cela. Rangeant les couvertures, recouvrant soigneusement le feu de terre humide et liquide humain jaunâtre, notre chevalier réitéra son appel tout en rengaeant méticuleusement ses vêtements afin que tout soit en place pour un long moment. Mais toujours rien...

- PAR DIEU ET TOUS LES SAINTS DE LA TE...

En se retournant, il vit que Mâëlan était enfin revenue. Mais ce n'est pas trop la surprise de sa proximité qui le stoppa. A la vue de ses yeux rougis, il sentit que quelque chose n'allait pas bien. Mais curieusement, décidé à aller de l'avant, il oublia ses bonnes résolutions de la veille et ordonna que l'on accélère le pas sous peine d'être définitivement en retard. Chose qu'il exécrait.

-...parce que tu comprends, si on prend du retard dès le matin, on est agacé toute la journée à tenter de se remettre dans l'horaire et....

Et patati et patata. Tout à son rangement, le chevalier faisait mine de ne rien voir, ce qui lui évitait de devoir se questionner sur les états d'âme de Maëlan. De toutes façons, il fallait aussi qu'elle s'endurcisse. Et puis...il se voyait mal jouer les consolateurs. N'ayant jamais été père, tout juste un amoureux transi, et vite étêté, il n'avait aucune compétence en ce domaine. Feindre l'aveuglement était la meilleure solution.

-...et il faut se reconcentrer sur le travail du jour. Cheval encore une fois, et avec élégance !


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Maëlan se contenta de hocher la ête à la fin de la phrase du chevalier, et de se hisser de son mieu sur le dos de Grison... Non. Elle n'avait pas envie de faire des exploits chevalresque aujourd'hui, ni même rayonner sur sa monture comme elle avait put le faire la veille.... Hier, elle était une pettite fille, aujourd'hui elle était une femme. Une femme qui allait quitter son pays pur ne plus jamais le retrouver... Une femme qui avait laissé partir son frère, et avait quitté ses parents sans un adieux...

Une femme qui avait le coeur gros, et une boule de chagrin coincé au fond de la gorge. Si elle était reconnaissante à Heilen de n'avoir posé aucune question, elle ne se sentait pas mieu de tout garder en elle... Et de toute façon, s'il la questionnait... Devait elle lui dire la vérité? Devait elle continuait de mentir? Elle ne savait pas... Elle ne savait plus... Elle ne voulais plus savoir...

Sa poitrine se souleva fortement en une grande inspiration, et un long soupire s'en suivit alors que Grison marchait d'un pas tranquil pour se dégourdir les jambes avant d'entamer un travail plus ardue avec sa nouvelle cavalière... Muscles et ligaments ont besoin de se réchauffer après une nuit de sommeil. C'était l'un de ses soupires chargés de sécheresse, lorsque les larmes sont bloquées, chargé de sel et de douleur... Oui, car cela fait mal de ne pas laisser sortir ce que l'ont à au fond du coeur et qui nous ronge l'âme...

Elle fixait la route avec des yeux pourtant irrémédiablement secs, le visage comme figé dans une expression neutre, peut être un petit air tristounet dans la façon qu'avait la commissure de ses lèvres de tendre vers le bas... Même si ceci était infime, cela changeait bien trop de son ordinaire sourire radieux... Ses yeux n'avaient plus cet eclat petillant d'un enfant découvrant le monde, a présent ils reflettaient le passé... Le chevalier, en y regardant de plus près, aurait pu reconnaitre son visage dans le sien... La même ombre qui l'habitait passait sur sa figure et ternissait son eclat...

Occupé toute la matinée à remplir la gamelle du midi, notre chevalier ne se rendit strictement compte de rien. Deux lièvres plus tard, il poursuivait sa marche à côté de Maëlan qui se sentait de mieux en mieux sur le cheval. Et ses pensées à lui constituaient en une seule et même réalité. Ils n'auraient pas assez d'argent pour traverser la mer. Il faudrait trouver quelque emploi plus ou moins bien payé. Et sur ce plan là, Heilen n'était pas une bonne affaire. Car il se refusait systématiquement à accepter des missions de mercenaire à la moralité douteuse. Et les vraies missions rémunératrices avec peu de danger, cela ne courait pas les rues. Surtout, il se voyait mal participer à un tournoi. Au-delà du fait qu'il n'avait jamais été très bon à ce genre de jeu de chevalerie, il savait que les risques étaient gros et le coût social élevé, surtout avec une écuyère...
Pour tout dire, Heilen était un peu coincé. Sauf que sa sagesse lui dictait de croire en le lendemain. Il est toujours une route qui s'ouvre à laquelle on n'avait pas pensée....En tout cas, l'état de Maëlan avait quelque chose de bien, elle ne l'avait pas une fois questionné. Et cela, ça ressemblait au paradis sur terre...Hélas, tous les rêves s'achèvent par un réveil brutal...


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