"Evasion et Rédemption"

"Oui, c'est un remède de ma grand mère... Mais il va falloir que vous vous y fassiez, vous devez en boire au moins trois gorgées toutes les demi heures..."

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres, alors qu'elle le reposait doucement sur le sol. Son ventre commençait à gargouiller... Pour Heilen, pas question encore de faire bombance! Un peu de tisane, une soupe peut être, mais certainement pas de viande pour le moment! Par contre, elle... Elle n'avait pas de contre indication! Le seul problème majeur, c'est qu'elle n'avait pas réussi à tirer le moindre oiseau... Elle devrait se contenter du reste de pain sec, comme la veille et l'avant veille...

"Vous m'avait fait peur vous savez..."

Ordinairement, Heilen aurait éructé qu'il serait hors de question de lui faire boire un autre verre, en fait pas même une gorgée de cette mixture infâme. Mais il n'était pas question de jouer les vieillards grincheux. Car une partie de lui attestait de l'apaisement qu'avait constitué l'ingestion de ce liquide. Et tant pis si le goût relevait de la torture. Parfois, il faut savoir passer outre la douleur. Ce qui le chagrinait un peu, c'est que peut-être Maëlan y mettait un certain vice, d'autant plus avéré qu'il était inconsciant. Faire payer au chevalier la frayeur qui avait été la sienne. Ses sens revenaient un à un. Sa capacité d'analyse aussi. Ils s'étaient quittés en pleine tourmente, un scène de ménage comme dans les plus beaux passages des livres romanesques. Et là, il la retrouvait transie de peur et figée dans une joie froide de le savoir encore parmi les vivants sur cette terre. En somme, elle avait dû s'oublier...La peur avait été la plus forte. Ce qu'il comprenait fort bien. D'où sa réponse qui était pur mensonge...

- Tout va bien maintenant...

C'était oublier ce mal de crâne terrible, plus fort que toutes les ivresses qu'il avait connues de toute sa vie d'homme. S'il était heureux d'une chose au moins, c'était que ses membres lui obéissaient parfaitement. Et le reste de son corps pareillement. Sans le montrer le moins du monde, il avait testé ses doigts et doigts de pieds, senti, écouté...Pour le goût...celui-là fonctionnait parfaitement... C'était son armure qui le bloquait. Quelque chose avait dû se rompre dans les rouages pourtant bien entretenus.

-...ne t'en fais donc pas.

Mais parler restait une épreuve. il eut un lancement dans le crâne, ce qui l'interrompit de nouveau alors qu'il aurait voulu lui caresser la joue pour la réconforter. Il parvint toutefois à contenir le râle que la souffrance tentait de lui arracher. Une chute de cheval n'est jamais innocente.

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Maëlan n'était pas dupe. Même si ses connaissances en médecines étaient limitées, elle savait ce que c'était qu'une chute de cheval. Elle l'avait expérimenté quelques jours auparavant et... Elle n'avait ni son age, si son accoutrement de ferraille grinçante et cliquetante!

Mais il était reveillé, et il parlait. C'était déjà un énorme progrès comparé à quelques heures en arrière... Peut être même se relèverait il finallement, et qu'ils continueraient leur route vers le "nouveau monde", comme se plaisiat à l'appeller Maëlan lorsqu'elle y pensait. Elle c'était imaginée un peu tout... Les gens, le décord, le chateau, l'accueil qu'ils y recevraient... Tout était basé sur les dires d'Heilen, mais bien enjolivé par sa petite tête pleine de rêves!

Le retour triomphal du fils du pays... Les gens le porteraient à bout de bras, en chantant et en se réjouissant... il s'éttonneraient alors du sexe de son écuyer, mais s'y feraient vite... Ils la prendraient peut être pour une fée, se disait elle même parfois en souriant légèrement. Peut être que les roux n'étaient aps courant là bas... Enfin! Ce n'était pas ça le problème pour le moment.

"Est ce que je peux faire autre chose pour vous? Vous avez faim?"

Le chevalier était à terre, il fallait s'en occuper. Ne pas aller plus vite que la musique.

Le chevalier n'était pas en état d'avoir faim. Pas encore. Il n'y pensait pas. A vrai dire, la vraie morsure était celle du froid. Oui, ce froid qui vous glace, ce froid qui vous rappelle la mort, ce froid qu'il avait senti sur le visage de son aimée...Il dut se résoudre à le dire car ce sentiment était terrible. D'ailleurs, s'il avait été en état de conscience normal, il aurait perçu de lui-même le couinnement de l'armure sous l'effet de ses frissons. La chose était paradoxale d'ailleurs. Il allait mieux, était sorti du coma et comme seul signe d'amélioration, il sentait de plus belle cette froidure mortelle...

- Je...j'ai froid Maëlan, terriblement froid.

C'était le première fois qu'il se confiait à elle. Au sens noble du mot. Je me confie à toi, fais ce que tu veux de mon âme. Je serai ton obligé, le double de tes désirs. Oui, c'était un peu dans le genre. Mais il n'était pas évident qu'elle en ait conscience...En tout cas, il parlait vrai. comme il aurait dit cela à une vielle épouse complice ou un ami de toujours. Désormais, et cette épreuve l'avait forgé dans la douleur, le lien était noué. Il s'était donné sans y réfléchir. Il avait confiance.


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"Je vois..."

Maëlan était plutot embéttée... Que faire de plus que ce qu'elle avait déjà fait pour le réchauffer? Le footing ne pouvait raisonnablement pas être à l'ordre du jour, bien evidemment!
Elle cherchait une idée tout en jettant un coup d'oeil de droite ou de gauche, sans savoir ce qu'elle regardait... Ses yeux tombèrent alors sur la casserole en ferraille, posée sur le coté. Ses yeux revinrent sur le chevalier, et elle se raprocha de lui pour retirer les couvertures avec délicatesse.

"Je vais vous aider à retirer votre armure, elle doit vous tenir froid..."

Ne sachant pas très bien comment s'y prendre, elle suivait des doigts les bords de la cuirace de fer, cherchant une sangle quelquonque à défaire...

Il n'aurait pas la force de la guider par les mots. Sa tête recommençait à tourner mais il l'aida. En tentant de simplifier les gestes, en accompagnant les mouvements qu'elle imprimait en découvrant plus encore le carcan constitué par la panoplie.
Ainsi dénudé de cette tunique hermétique, il eut accès à la chaleur extérieure. La petite avait vu juste. Il se sentait mieux, atteint par la douceur ténue du feu et de l'autre corps.
Pourtant, lui ne tremblait pas. Mais ce froid venait de loin, des tréfonds de ce corps marqué par la chute, l'absence d'alimentation depuis de trop longues heures. Peut-être aussi le contre coup du breuvage, comme un effet retour du bienfait.
Lorsqu'elle remit des bûches, qu'elle le reprit dans ses bras, il finit par s'endormir. Elle, qui sait, trouva le repos en fin de nuit. Et le lendemain, c'est au son des herbes arrachées par le cheval, qui lui attendait toujours pour qu'on le soigne, qu'il se réveilla doucement. Percevant de suite la sueur froide de son écuyère, il se laissa aller à en apprécier les subtilités. ne faisant rien pour bouger. D'ailleurs, lorsqu'elle commença, longtemps après, à se manifester, il prit conscience de ses courbatures. Tout mouvement serait le fruit d'un effort surhumain contre la rouille nocturne et le poids des ans.
Toute à cette réflexion, il ne se rendit pas compte au début que le mal de tête avait disparu. Il se sentait bien. Cependant, lorsque le bestiau eut des velléités étranges, il dut intervenir.

- Maëlan, je crois qu'un étranger est en train de te détrousser...

L'animal, au gré de sa quête de pelouse, était en train de remonter à l'entre jambe sous l'effet de l'attraction fatale d'une touffe de mousse au parfum forcément irresistible au vu de ce que le cheval faisait comme effort pour soulever les dessous de la demoiselle...


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Personne ne se remet immédiatement d'une telle chute. Et pas plus Heilen, tout chevalier costaud qu'il soit plus qu'un autre.
Il dut accepter le traitement infect mais efficace. Ne se rendant pas même compte qu'il grognait de plus en plus chaque jour et que cela amusait, pour le moment, Maëlan.
Il Réapprit d'abord à se tenir debout, plus à monter à cheval. Car il avait vraiment oublié certaines choses, comme si l'habitude avait été oubliée d'un trait, comme si tout cela avait été laissé pour compte depuis des années. Et bientôt, peut-être au bout de 5 jours ce qui est beaucoup aussi, il eut la sensation que la route au long cours pouvait reprendre.
Aussi déclara-t-il à l'écuyère qu'il fallait se préparer à reprendre la direction du sud. Avec toujours à l'idée que la traversée serait couteuse et périlleuse. Pour mettre un peu d'ambiance, il rappela que la jeune femme devait impérativement se mettre à apprendre la natation. Il se verrait bien en maître tyrannique pour lui faire payer les pintes de breuvage odieusement ingérés...(NDLR : toute ressemblance avec un entraineur de natation ayant perdu sa nageuse est complètement fortuit et le fruit de votre imagination débordante)...
Ainsi, un dimanche de grand beau, reprirent-ils la route, ce qui ne fut pas du plaisir du bourrin, qui lui encore, boitait bas. A tel point que le chevalier avait décidé de marcher !

- Si cela ne se guérit pas vite, nous devrons trouver de quoi financer ses soins...

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"Tout ce qu'il lui faut, c'est du repos... Comment voulez vous qu'il guerrisse s'il est obligé de marcher toute la journée....?"

Cette petite histoire avait permis à Maëlan de grandir un peu... Elle c'était affirmée dans ses choix personnels, elle savait à présent ce qu'elle voulait. Ce qu'elle voulait, c'était voir le pays natal du chevalier. Elle était prette à le servir malgrès ses grognements quotidiens et presque permanent, servir ses enfants même, si une fois rentré au pays il décidait de trouver une compagne à ses nuits pour créer une descandense. Sait on ce qu'il passe dans la tête des gens seulement?

Mais à présent, même s'il était le chevalier et elle l'écuyère, elle ne le laisserai plus toujours avoir le dernier mot. Après tout, même si elle était jeune et bien moins expérimenté que lui, elle était capable de voir lorsqu'il faisait des erreurs.

Et faire marcher un Grison toute la journée avec une boiterie pareil était presque criminel. La plaie pourtant semblait guerir... Le chevalier ne laissait plus Maëlan s'en occuper, ayant déclaré que ça guerirai bien tout seul à présent, et qu'il était inutile de lui faire des soins quotidiens... Peut être n'avait il pas vu l'étendue de la morsure... Ou peut être que le simple souvenir de la boisson terreuse que Maëlan lui avait fait ingurgiter pendant un certain temps lui laissait un souvenir suffisamment cuisant pour ne pas vouloir que son cher bourrin ne subisse les mêmes "tortures"...

Le conflit n'aurait pas lieu d'être. Car Heilen n'y avait pas réfléchi mais cet aphorisme puissant était bien une vérité révélée. Comment n'y avait-il pas pensé plus tôt...Sauf que la durée de la guérison serait la donnée inconnue dans cette affaire. Méditant sur la chose, il cherchait une réponse.

- Ben, je veux bien moi, rien ne presse au point de perdre un cheval mais que fait-on si cela dure un mois ? As-tu réfléchi à la chose ? Rester sur un même lieu est dangereux en forêt...Et puis l'auberge, c'est coûteux...

Il tentait de trouver une solution. Et renvoya la belle à ses propres devoirs.

- Bon, écoute, trouvons un lac isolé, et je veux bien perdre du temps et prendre des risques si en échange, tu apprends à nager. Il n'est pas question de franchir les océans sans savoir les rudiments de la survie en eau !

l'idée était un peu folle. soit elle apprendrait en deux jours, soit l'animal serait à galoper avant qu'elle ne traverse l'équivalent d'une rue. Et puis, sans bien le vouloir, il jouait sur la pudeur et l'hésitation de la jeunesse à franchir le pas. Notre homme, encore fatigué de sa chute, mésestimait la volonté des femmes, de celle-là en particulier. En fait, il ne la connaissait pas encore assez pour savoir qu'elle oserait. Pire encore, il ne connaissait pas du tout le genre humain qui a en haut ce qu'il n'a pas en bas. Le célibat n'est pas qu'une solitude, c'est une ignorance.

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"D'accord!"

L'antousiasme était plus que lisible dans sa voix... Non seulement, elle n'aurait plus à souffrir la vue de cette pauvre bête boitant comme pas possible à leurs cotés, mais en plus, la marche était une nouvelle fois suspendu! Non pas quelle était faignante, loin de là, mais ses pieds n'avaient pas vraiment eu le temps de se refaire à l'idée de marcher... Des ampoules ne tarderaient pas à apparaitre, et pas des moindres! Et pour finir, elle allait enfin apprendre à nager.... Depuis qu'il lui en avait parlé, elle avait eu le temps de se faire à l'idée, et même de s'y laisser séduire. L'idée de barbotter au milieu des tétards étaient même devenue si atrayante qu'elle en trépignait presque déjà d'impatience, comme un jeune cheval devant une galopade annoncée....

Après pourtant encore une bonne demi heure de marche, ils finirent par tomber sur un lac, comme il y en a dans ces pays... Une étendue d'eau glacée et grisatre, que seul le souffle du vent peut troubler. Une sorte de miroir pour le ciel, où toucher les nuages semblait presque réalisable... L'endroit était cependant bien à découvert, au milieu de nul part. Le chevalier semblait réfléchir: l'endroit n'était il pas trop dangeureux? Seraient ils en sécurité? Maëlan quand à elle n'en avait absoluement rien à faire. Son idée fixe n'était plus que de dompter ces flots gris, jusqu'à en traverser la longueur même peut être! Quand on essaye les choses pour la première fois, il est difficile de savoir évaluer combien d'efforts cela va nous coûter...

Aussi avait elle déjà commencer à défaire les sacoches de la selle, debout sur la pointe des pieds, tatonnant pour trouver les neuds. Grison lui, ne bougeai plus d'un pouce, heureux que la torture semble enfin terminée...

Le vieux chevalier aurait sans doute mieux fait de se taire. la jeunesse passe son temps à brusquer les anciens, brûler les étapes. Et le voilà intronisé Maître de natation. Mais s'il a su apprendre, il y a fort longtemps, ce n'est pas la même chanson que de transmettre et le problème du...sexe est un obstacle ! Car il va falloir évoluer en tenue légère. Elle qui ne semble pas encore s'en soucier va devoir franchir le cap. Lui, ce n'est pas l'idée de s'emplir l'oeil de ses formes qui le réjouit. La chevalerie a certaines règles de politesse que note n'a pas pu oublier. Mais elle ! Que va-t-elle en dire ? Parce que c'est bien beau tout ça mais il va devoir pénétrer dans sa sphère intime, surtout s'il s'avère qu'elle est moyennement douée...Qu'elle a besoin d'être étayée...L'enthousiame qu'elle manifeste semble démontre que les problèmes ne seront pas incontournables. Soit. Et puis, que diable, en chevalerie, point de chichis.
Afin de tester l'apprentie grenouille, Heilen se met en tenue légère, ce qui a pour vertu de faire respirer le corps...Au moment de se mettre à l'eau, alors que Maëlan n'a toujours rien vu, il trouve que la température est vraiment froide. Proche des eaux glaciaires de sa vallée natale...Il plonge finalement, sent ses cheveux peser dans son dos, puis fait quelques longueurs. Les zones blessées de la chute font leur office de rappel à l'ordre mais Heilen ressent aussi le bon. Il finit par lancer dans le calme du lieu...

- Ecuyère, mets toi donc en petite tenue, que l'on voit si tu arrives à ne serait-ce que mettre un pied dans l'eau !

Les gens marchent souvent au défi, la ruse du froid est-elle un contournement pour la nudité ? Heilen est trop abrupt pour avoir pensé si loin.
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Cheval dessellé et attaché, affaires posées en sureté, il ne restait plus à la roussote que de plonger à son tour... L'apréhension mélangée à l'excitation de se tremper les petons, elle commença par retirer sa robe, dos à l'eau grise. Ce qu'elle pouvait être maigrelette en réalité! Et surtout, blanche comme la nacre! Même si les taches de rousseur ajoutait un peu de couleur au tout...

Il était fréquent au jeune fille de l'époque de porter une sorte de jupon, et même si celui de Maëlan était bien court et de peu d'utilité, elle préféra le garder sur elle avant d'aller gouter à l'eau du bout du pied. Les bras repliés sur sa poitrine, une légère teinte rose sur les joues, elle resta un instant pétrifiée face à la température de l'eau...

Bon sang que c'était froid! Elle releva les yeux vers le chevalier un peu plus loin, et ne voulu pas faire demi tour... Elle ferma alors les yeux en grimaçant, et s'enfonça dans l'eau en retenant son souffle. Elle due pourtant s'arretter alors que l'eau lui arrivait jusqu'à la taille. Elle rouvrit un oeil, les lèvres déjà légèrement tremblottantes, et plia les genoux pour disparaitre sous l'eau quelques secondes... Elle en ressortit en soufflant comme un boeuf, complètement trempée, mais frigorifiée par la même occasion. Essayant de parler normalemment, les bras toujours collé le long du corps, elle demanda alors:

"Bien... Et maintenant...?"

Le chevalier n’avait qu’une idée en tête, la technique. Qu’elle se concentre sur la technique. Déjà, elle n’avait pas rechigné à se mettre à l’eau, n’avait pas même bronché. Pour le reste, elle n’avait pas trop lourd à déplacer, ce devrait aller. Mais les vêtements allaient gêner. Il fallait y passer, tant pis pour la pudeur.

- Ecuyère, il faut se mettre à nu, tes dessous vont te gêner. Faut pas espérer y couper…

Il se rendait compte de ce qu’il disait, fit le choix d’aller au bout de l’outrecuidance…

-…parce que bon, des filles nues, j’en ai déjà vu. Alors une de plus, t’affole pas. Je vais pas m’évanouir.

N’étant pas très sûr de lui en la matière, il alla au bout de la muflerie.

- Et puis d’abord, j’aime pas les filles trop maigres, faut pouvoir s’agripper à quelque chose.

Le vase débordait mais comme ils étaient tous les deux dans l’eau, cela avait une chance de passer inaperçu. Se sachant rustre jusqu’au dernier degré sur le coup, le chevalier espérait juste faire passer l’affaire de la nudité. Mais le problème est qu’il transposait peut-être sur elle des idées à lui, une représentation noble de l’existence car après tout, elle était de condition toute autre que lui, le rapport à la nudité, le péché avaient des sens éloignés des siens…C’était oublier la jeunesse. Maëlan serait peut-être gênée du fait de son âge. Mais à tout ça, notre homme ne pensait pas le moins du monde. Il avait une idée en tête, et depuis bien longtemps sa nature ne s’était pas exprimée aussi…naturellement. Le bourru célibataire venait de parler. Amen !

- Bon, il faut d’abord se mettre sur le dos !...


hp 128 (playing with you is such a pleasure my dear, thank you for every thing)

Si Maëlan avait déjà viré au rouge écarlate en présence du chevalier.... Ce ne fut rien comparé à cette fois ci. Non seulement, elle allait devoir se retrouver nue dans l'eau devant un... un... Un muffle! C'est à peu près tout ce qu'il lui passa par la tête! Elle n'avait pas vraiment pris en compte les éventuelles pensées qu'il aurait pu avoir en la voyant nue, mais alors là...

Elle hésita un moment, les poings serrés contre elle avec force, puis fini par oter son malheureux jupon et le rejetter sur la rive. Ah ça ne lui ferait rien de la voir nue? Il aimait pas les fille trop maigre? Très bien. Peu importait de toute façon, elle n'avait pas l'intention de lui plaire! Elle tourna quelque fois sur elle même, en proie à une agitation nerveuse plutôt intense, puis se rappella le dernière ordre par dessus toute ces paroles qui lui résonnait encore aux oreilles: Sur le dos.

Bon, bien, très bien même... Sur le dos... Elle essaya alors de se laisser flotter comme un bout de bois, mais dès que l'eau se rapprochait un peu trop de son visage à son gout, hop! Elle seremmettait sur ses pieds. Elle était beaucoup trop tendu pour tenir plus de deux ou trois secondes sur le dos, et moins elle y arrivait, plus elle s'ennervait, tout intérieuremment bien sur. Mais cela n'avait pas le don d'arranger ses affaires en matière de flottage! Elle fini par prendre un grand coup de respiration; fermer les yeux, et se tendre comme la corde d'un arc, attendant de disparaitre sous les flots.... Mais rien ne se passa... Elle flottait! Elle flottait à présent! Et la sensation était si agréable, nouvelle et... Il faut bien le dire bizzare, qu'elle n'osait plus respirer, ni même bouger un cil! Elle se contenta d'attendre...

Elle avait réussi. Plutôt rapidement. Et de la voir ainsi flotter était un premier pas des plus encourageants. Il serait bientôt le moment de lui demander de bouger les bras pour avancer ou reculer. Mais notre homme, si heureux de voir ses talents de pédagogue rugueux être aussi efficaces en oublia un petit détail...Deux noisettes d'un rose pâle à vous couper le souffle manifestaient à leur manière le triomphe de l'instant. Durs comme au premier jour du nourisson, ils trônaient dans le haut du ventre de la jeune fille. Et d'un coup, il comprit que l'affaire n'était peut-être pas si naturelle qu'il l'aurait voulu...d'autant que plus bas, il fallait bien se résoudre à l'évidence, une toison rousse devait cacher la même couleur de peau. A cette idée, les bourgeons se mirent à pousser et il en résulta un début d'excroissance que notre homme devait absolument contrôler, sous peine de devenir le plus ridicule des hommes alentour...
Par une pirouette d'enfant, il s'en sortit en plongeant doucement la tête pour lui aussi refroidir...toutes les parties de son corps en émoi.
Maëlan, comme toutes les filles de cet âge, avait des avantages qu portaient bien leur nom. Se refuser à cette évidence était peine perdue pour Heilen. Par chance, l'eau un peu sale lui piqua tant les yeux qu'il eut des larmes de douleur. Habile moyen de reprendre le contrôle de ses sens.

- Bien, euh...eh bien Maëlan..Il faut maintenant tenter de bouger les bras, doucement...afin de...afin de...

Et elle les bougea tant et si bien qu'ils passèrent tout près du bourgeon à peine cueilli par le gel. Il en eut une telle gêne que tout son être en frémit. Et comme il allait reculant afin de ne pas reproduire l'instant malencontreux, il tomba à la renverse, provoquant sans doute une bonne tasse du côté de l'écuyère...

- Pardon maëlan, j'ai glissé sur quelque chose de visqueux, dit-il tout penaud.

Dans la bousculade, il ne sut dire si elle avait à nouveau effleuré l'objet de son délit mais il craignait le pire. Et du coup, il était lui aussi teinté de rose. Mais pas au même endroit. Décidément, rien ne serait simple dans cette vie loin d'être monacale.

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"... Kof kof... rrrgl..."

C'est à peu prêt tout ce qu'elle réussi à dire au chevalier comme insultes pour avoir attenter à ses jours... Alors qu'il glissait, une gerbe d'eau lui avait submergé la tête, avant que l'apesanteur semble reprendre son control sur elle et ne l'entraine vers le fond. Prise de panique, elle avait ouvert grand les yeux, et alors qu'elle étouffait déjà sous cette eau opaque et insalubre, elle en reprit une grande rasade avant de remonter! Les bronches submergée d'eau faisaient leur possible pour la refaire sortir, et si la petite était rouge à présent, ce n'était plus de pudeur baffouée!
Elle fini, les yeux fermé et continuant de tousser et cracher comme une mourrante de pneumonie, par se diriger d'un pas mal assurer vers l'endroit qui lui semblait être le bord, se dirigeant simplement à la différence d'eau lorsqu'elle marchait... Elle fini même par en sortir tout à fait, et s'assoir en un dernier râle d'agonie.... Respirant à présent à peu près normalemment, elle ouvrit les yeux et chercha l'assassin du regard. Celui ci était toujours dans l'eau, une mine de chien battu sur le visage qui l'aurait surement fait rire si elle n'avait pas le coeur à lui jetter des pierres à cet instant précis...

Le chevalier serait bien allé à la rescousse de la belle mais une gêne temporaire persistante l’en empêchait ! Aussi dut-il assumer les vagues causées par son comportement. Qu’y pouvait-il au demeurant ? C’est la nature. Mais dans ce cas précis, la nature était contrariante.

- Maëlan, ça peut arriver à tout le monde, il ne faut pas se froisser. Et puis, il vaut mieux cette eau froide et calme que l’eau salée et tempétueuse des hautes mers. Crois moi. Même moi qui nage bien aurais du mal.

L’idée de génie lui vint alors. Montrer la nage ventrale à son écuyère. Faire par la démonstration la preuve de ce qu’il fallait apprendre. Et le voilà partant vers le centre du lac, les bras coupant le fil de l’eu tels des épées neuves. Le geste lent, efficace, le souffle contrôlé. Sauf que nager avec une sorte de…béquille…est assez surprenant. Toutefois, il finit par ne plus rien remarquer. Les choses étaient rentrées dans l’ordre. Sauf que la tasse avait bel et bien été ingurgitée par Maëlan. Il faudrait arrondir les angles, ça il n’y couperait pas.
Dix bonnes minutes s’étaient écoulées. Il allait sortir de l’eau quand l’idée de rester lui vint. Il fallait tenter de lui faire oublier la tasse…

- Reprenons. Dit-il…Et je vais essayer d’oublier ce qui me déstabilise !

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*Ce qui le destabilise, ce qui le destabilise... Il a qu'à faire attention de où il met ses pieds!*

Maëlan, qui était recroquevillée sur elle même depuis quelques minutes, grelottant de tout son être, se releva de mauvaise grace. Elle gromelait intérieurement, tout en hésitant à se replonger dans cette eau glacière et meurtrière. Il faut croire que le mimétisme élève/professeur s'opérait déjà: bientôt elle serait peut être aussi grognarde que lui!

L'eau jusqu'à mi-cuisse, elle s'accorda une pause pour s'habituer de nouveau à la température qui lui donnait la chaire de poule. Ses lèvres commençaient même à se teinter légèrement de bleu, mais elle préférait faire comme si de rien n'était, se contentant de jetter un regard noir et lourd de reproche au chevalier. La tasse était peut être avalée, mais le choc d'une première noyade pas tout à fait encaissé! Elle s'enfonça encore jusqu'à la taille, et plia de nouveau les genoux pour finir de se tremper. Elle ressortit bien vite le haut du corps de l'eau cependant, préférant ne pas finir entièrement congelé tout de suite.

"Bien, et maintenant?"

Articula t'elle difficilemment à travers ses dents serrés pour éviter qu'elles ne claquent.

A force de rester dans l'eau sans bouger, on a vite froid. Heilen devait lui faire faire des mouvements tels qu'elle se réchaufferait.

- Comme tout à l'heure Maëlan, sur le dos. Mais avec un battement de pieds et toujours les mains pour équilibrer.

Il se concentra sur son travail d'enseignant, lui prodigant conseils pour rester allongée calmement et la soutenant d'une main légère lorsqu'elle manifestait un déséquilibre menaçant.

- Là, comme ça.

Il regardait la jeune fille et dans ses yeux, il lisait encore une certaine angoisse. Elle n'était que très moyennement à l'aise. A se demander si tout ça était une bonne idée. Oui, peut-être...mais cela était nécessaire. Plus urgent que de lui apprendre à user de l'arc. Enfin, non, l'arc sert à manger. Mais cela, il pouvait y parvenir pour deux. Nager restait primordial. Seuls les terriens invétérés ne l'ont pas compris.

- Oui, continue. Doucement, afin de trouver l'équilibre dans le mouvement.

Il commençait à parler un peu plus fort car ayant les oreilles sous l'eau, l'écuyère devait entendre une partie seulement de ce qu'il disait. Ou tout du moins, elle devait l'entendre moins bien. Cela contribuait-il à ce qu'elle fut peu sûre d'elle-même...?...
Difficile de le dire. Il ne faut jamais rater les premiers moments car on prend vite en grippe une chose nouvelle si on n'arrive pas dès le départ à se sentir à l'aise. Tel était l'enjeu. Surtout pour un élément comme l'eau, qui nous est siétranger en fin de compte.

- Maintenant je vais te tirer en arrière et tu vas battre des pieds encore plus vite.

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Maëlan faisait tout son possible pour garder la tête hors de l'eau, avant même d'exécuter les ordres d'Heilen. Boire de nouveau la tasse n'était pas pour lui plaire, et toute la confiance qu'elle avait eut en lui c'était évaporé lorsqu'il avait tenté de la noyer. Enfin... C'est comme ça qu'elle voyait les choses...

De plus, son esprit travaillait à vive allure.... Elle était nue, et des mains d'hommes se baladaient sur elle. Oui, il ne faisait que l'aider, mais il n'empéchait pas que cela avait quelque chose d'assez perturbant pour l'oie blanche qu'elle était. La moindre partie de son corps était tendu à l'extrème. De temps en temps, elle faisait un effort pour se décontracter, mais ça ne durait jamais vraiment longtemps.

"Sire Heilen..."

Dit elle à mi voix, sans pouvoir vraiment s'arretter de battre des pieds. Elle avait besoin d'une pause, besoin qu'il la laisse barbotter elle même, mais d'arretter les exercices. Elle ne voyait pas très bien où il venait en venir en lui apprennant à nager sur le dos. Cela lui serait il réellement utile? La fatigue et encore une certaine peur aidant, elle était prette à douter de tout.

Le chevalier ne semblait pas l'avoir entendu... Il continuait de prodiguer ses conseils tout en l'entrainant toujours plus profond... Tans et si bien qu'elle du finir par s'arracher elle même des mains de son professeur qui lui tenait toujours les épaules... Mais une fois seule, elle du se rendre à l'évidence... Elle n'avait plus pieds! Un mouvement de panique s'empara de la roussotte, alors qu'elle trouvait le moyen de se projetter en avant pour s'accrocher à Heilen de toute ses forces... Les bras autour de son cou à presque l'étrangler, la terreur de replonger la tête au fond de l'eau était lisible sur son visage...

Un poids égal à celui d'un cheval venait de tomber sur le chevalier. La môme apeurée s'était accrochée à lui dans la panique de l'instant et rien ne permettait de le prévoir...Heilen eut son comptant d'eau vaseuse dans les narines, voire les poumons, un effort réel fut nécessaire pour remettre tout le monde hors de l'eau. Et il dut nager avec ce serpent femelle qui l'étouffait au niveau du cou jusqu'à la zone où l'on a pied. Qui lui semblait tout d'un coup bien éloignée...
Il faut dire qu'il s'était laissé aller à l'emmener loin. Car de son point de vue, la chose se présentait sous les meilleures auspices. Mais c'était peut-être le signe de leur différence d'appréciation. Ou de l'écart entre le maître et l'élève. Car l'élève doit accepter d'avancer dans le noir en totale confiance. Et apprendre est une chose, apprendre en risquant sa vie est bien plus dur...Il faut accepter de se donner à la cause. De se donner entièrement ! Elle apprendrait.
Tandis que les efforts étaient presque parvenus à rétablir la situation, elle eut un mouvement de jambes des plus malencontreux, tapant le bas du ventre de notre homme ce qui lui coupa le souffle pour le compte.
Il parvint malgré tout à la déposer en zone sûre. Tout en se pliant pour reprendre un souffle disparu d'un coup, c'est le cas de le dire, il en oublia de lui dire ce qu'il avait en tête juste avant la griffure...Heilen eut tout d'un coup un violent mal au coeur...Le froid, l'effort, le souffle coupé...C'était beaucoup pour lui. Il dut attendre avant de dire quoi que ce fut.

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Maëlan, enfin les pieds sur terre, reprennait peu à peu ses esprits. Il faut dire que deux tentatives de noyade en une seule journée était un peu lourd à suporter pour ses petits nerfs... Le chevalier lui, semblait quelque peu... Comment dire... Souffrant! Tellement même qu'elle commença à se demander ce qu'elle avait pu bien faire pour le mettre dans cet état! L'étrangler, à la limite, elle comprennait... Mais ça semblait autrement plus douloureux!

"Sire Heilen? Vous allez bien...?"

Osa t'elle demander à mis voix, avant de le regretter amerment. De toute evidence, non, ça n'allait pas bien! Et qui y'a t'il de plus irritant qu'un abrutit pour vous demander si ça va lorsque ça n'est pas le cas....

L'homme porta sa main au coeur. Une terrible douleur, sourde mais qui rugissait profondément, le traversait.
Il ne put faire autre chose que se tenir assis, ou plutôt non, allongé de côté. Le froid, l'effort, les emois et l'écho de sa chute pas encore guérie...Tout cela le secouait fortement.
Longues furent les minutes avant qu'il ne pût dire un mot. Sa posture était saccadée, comme si touit son corps était relié à sa douleur, à son coeur fragilisé. C'était la première fois qu'il ressentait une telle douleur.

- Cela va mieux. C'est que ... porter une si jolie femme dans les bras, cela n'arrive pas si souvent.

Il tentait de s'en sortir avec élégance, espérant que Maëlan ne s'apercevrait de rien. Il avait engagé une écuyère, pas une garde malade, encore moins une infirmière pour grabataire...

hp 133 (post rapide depuis un cyber breton, cho ma belle)

Maëlan aurait pu sourire de cette remarque..; Peut être même en rougir. Mais elle n'était pas dupe... Le chevalier ne se sentait pas aussi bien qu'il voulait le laisser croire... La peur de le perdre se fit bien plus présente en son coeur, et c'est d'un air sombre qu'elle retourna à ses affaires... après avoir enfilée sa robe et son jupon, elle lui ramena ses affaires afin qu'il puisse cacher sa peau et reprendre ainsi une tenue plus descente...

"N'attrapez pas froid, en plus de tout... Le nuit ne va pas tarder..."

Lui laissant le temps de se rhabiller, elle retourna vers grison... L'animal, loin de se soucier du barbottage de son maitre et de sa "grenouille", brouttait un peu plus loin, le membre blessé en l'air... Elle se pencha et y jetta un coup d'oeil, il fallait de nouveau nettoyer cette plaie. Et avant qu'il fasse nuit... Elle se mit donc à l'ouvrage, malgrès les désaprobations du bourrin...

"Rooh... Grison arrêtte! C'est pour ton bien! J'vais quand même pas t'entraver quand même..."

Son oeuvre fini, elle décida ensuite d'allumer le feu. Le chevalier devait se reposer... Jusqu'à ce qu'ils soient de retour jusqu'au pays du chevalier, elle s'occuperai de lui.