"Evasion et Rédemption"

Heilen ne se rendit compte de rien. Jusqu'à ce que ne voyant plus Grison, il comprenne. Maëlan n'était plus dans son champ de vision. Et l'affaire durait maintenant depuis quelques instants. Selon un conseil des anciens, il s'arrêta. Net. Là. Et se mit à attendre. "Lorsqu'un groupe se retrouve divisé, sans savoir où se retrouver, le mieux est que tu restes là où tu es, l'autre finira par revenir là où il t'a perdu". Ce conseil, Heilen l'appliqua comme d'habitude. Ce qui tombait plutôt bien car c'était l'heure de faire le repas. Aussi se lança-t-il das la traditionnelle élaboration du feu, le déshabillage d'un des lièvres, le plus petit, ce qui lui prit pas loin d'une heure, quête du bois comprise. Mais Maëlan n'était toujours pas revenue. Et alors qu'il faisait cuire la viande, il commençait lui-même à bouillir intérieurement. L'écuyère n'irait pas loin, Grison est un cheval qui la ramènerait là ou qui du moins, retrouverait son maître...Mais au fur et à mesure que le temps passait, l'inquiétude grandissait et une certaine ire aussi, assez indéfinissable mais qui pourraît bien exploser en tempête....
Le lièvre fut cuit, Maëlan toujours pas là. les os furent sucés, Maëlan toujours manquante. Désormais, heilen était inquiet. Oui, il acceptait cette idée. Mais tant que la nuit n'était pas arrivée...Au lieu de faire les cent pas, il se mit en tête de refaire un arc plus adéquat pour l'apprentie chevalière...mais en lui, la température ne cessait de grimper....

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Le chevalier qui avait entendu le pas de son fidèle destrier savait ce qu'il allait faire.
Oh, il aurait pu se mettre à hurler. Ce n'est pas l'envie qui lui manquait d'ailleurs. Mais il avait tellement attendu qu'il n'en avait plus la violence. Mais une colère froide, sèche, un seul coup au bout allait partir. Il le savait. car ce qu'elle avait fait était proprement inconscient. Et point n'était besoin de grands discours.
Alors qu'elle était descendu de cheval et que Heilen venait d'attacher la bête, il se retourna et lança un regard noir de ceux qui vous percent d'effroi.

- Ne refais jamais ça Maëlan, ou tu peux dire adieu à tes rêves de petite fille. Tu m'entends, jamais plus. Maintenant, tu vas faire ce que tu n'as pas eu le temps de travailler aujours'hui. Tu vois la cible que j'ai posée là bas, eh bien tu vas la viser depuis ici avec cet arc que j'ai refait. Et puisuqe certaines choses ne sontpas claires, sache qu'il n'y a ici qu'un chevalier. La chevalerie sert l'ordre, le bien, pas le rêve d'une gamine !

Heilen avait aussi dur car il avait eu peur. Elle devait comprendre. Il le faudrait. car la chance ne serait pas toujours sur sa route...

- Au fait, que se serait-il passé si tu n'avais pas croisé le chevalier Phoenix un matin dans ce bois ?...Alors agis en femme, sacre bleu !

Il lui tendit l'arc. Elle n'avait psa vraiment le choix.
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Aucune sanction n'est intelligente. En faisant ce qu'il avait fait, il avait trouvé un moyen de montrer à Maëlan qu'il restait le maître de la situation. Mais au fond de lui, le chevalier grognon qui passait son temps à greumer n'était pas satisfait ce que qu'il faisait. Bien sûr, il lui fit achever ses exercices du jour. Bien sûr, celle-ci s'éxécuta. Mais au fond, ni l'un ni l'autre n'avaient le coeur à jouer la partition. Et quand bien même la pièce fut-elle bien interprêtée, tout cela relevait d'une volonté de donner le change.
Finalement, il infligea à Maëlan les soins à Grison puis ils allèrent se coucher auprès du feu qu'il avait constitué.
Une fois allongé, tandis qu'elle s'installait non loin de lui afin de garder un peu de chaleur, il s'installa dans une sorte de rêverie sombre. Se demandant ce qui lui avait pris. Pourquoi être ainsi partie. S'interrogeant lui-même sur les raisons de son inquiétude subite. Ce n'était pas de l'amour. Pas l'affection d'un père non plus. Il avait...des responsabilités vis à vis d'elle. Mais de quelle nature au juste ? Heilen ne savait pas. Ansi s'endormit-il. Mécontent de la journée. Triste et angoissé à l'idée de tout ce qui avait trait à sa fonction de chef d'une troupe dont il prenait conscience petit à petit de la réalité. Gouverner une terre, c'était donc cela ?!!! Avoir des décisions déchirantes à prendre et n'avoir personne pour s'ouvrir aux angoisses du chef ?! Heilen comprenait peut-être un peu plus son père...Tardivement...

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Le lendemain matin, sans mot dire ils prirent le petit déjeuner. Puis firent disparaître les traces de leur présence. Mais ce qui attendait Maëlan était une dure épreuve.
Le chevalier lui annonça qu'elle allait le suivre à marche forcée, autrement dit une sorte de course lente mais qui ne souffre pas d'arrêts. Lui, sur Grison, prenait tout le matériel, en sorte qu'elle ne porte rien d'autre que sa carcasse. Mais une marche forcée de deux heures, Maëlan ne savait pas ce que cela faisait.
Si Heilen avait programmé ce travail depuislongtemps; le faire intervenir le lendemain de son ecapade n'était pas forcément...très bienvenu. Mais il s'en moquait. Estimant qu'elle devait apprendre à tenir sa place. Jamis il ne l'avouerait mais il avait eu peur. Parce qu'il tenait à elle, il s'était fait un sang d'encre toute la journée qui avait précédé. Aussi, ferme sur ses positions et usant de son autorité, il fit en sorte que cela ne puisse être discuté !
Et ils avancèrent pendant plus de deux heures ainsi. Lui ne disant rien, elle se gardant bien de se plaindre. Il verrait ce qu'il verrait...
Au bout d'un peu plus longtemps qu'il ne l'avait espéré, elle eut un léger décrochement. Juste à cause d'une glissade.
Et là, le vieil homme ne put se retenir plus encore...


- Alors, c'est moins drôle à pied, hein ?!

Il n'avait pas pu s'en départir. Toute la nuit il avait retenu sa ire, elle venait de sortir en une phrase. L'âge rend parfois les gens durs comme le métal...C'était sa façon à lui de dire qu'il avait eu peur. Des manières de rustre, excérables il faut bien l'avouer.


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Maëlan, qui avait suivit sans mot dire et en serrant les dents une partie de la matinée qui lui avait semblée interminable venait de glisser pour la 5ème fois en moins de 10 minutes... Et ses genoux déjà bien fatigués n'avaient pas sut la retenir cette fois ci. Se retrouver les fesses par terre est déjà bien assez humiliant sans rajouter la douleur des pierres sur la route qui s'incrustent dans les paumes des mains... Et alors qu'elle se relevait péniblement en rejoignant le peu de terrain qu'elle avait perdue, cette phrase eut sur elle le même effet qu'une giffle cinglante...

Elle releva les yeux pour la première fois de la journée sur le vieux chevalier monté sur son destrier, et le dévisagea en silence pendant plusieurs secondes alors qu'un mélange de sentiment contradictoires bouillonnaient en elle.... Elle aurait eut envie de hurler, de fondre en larmes, ou de lui rendre le mal qu'il venait de lui faire par une simple phrase de trop....

"Cela vous amuses t'il de me voir tomber? Vous croyez que votre exercice n'est pas assez dur et humiliant comme ça? Vous avez vraiment besoin de m'enfoncer plus bas que terre?"

Son ton était froid, cinglant et plus du tout enfantin.... La révolte contre son sort miséreux lui faisait battre les tempes et monter le rouge aux joues. Ses yeux s'embuaient de larmes au fur et à mesure de ses paroles, des larmes acides et brulantes, tandis que sa voix prennait en force et perdait en assurance.

"Vous n'avez pas encore compris que je ne pouvais tomber plus bas? Vous êtes là, à m'enseigner des leçons de vie en espérant me briser comme une pouliche au débourrage, mais ne prennez plus cette peine. Je n'ai plus de maison, plus de famille, plus d'avenir, ni même de terre d'acceuil. Je n'ai plus que vous à servir. Je ferais tout ce que vous me demanderez afin de ne pas mourir sur le bord de la route, mais au moins aillez la descence de me traiter comme une personne, et non comme une esclave, ou comme un animal."

Elle fini de se désincruster les mains de graviers, et repris la route, passant devant Grison en essuyant le trop plein de larmes qui débordait de ses yeux...

En passant devant lui, elle avait croisé son regard qui était en train de vaciller mais ne s'en était pas rendu compte.
Le chevalier Phoenix avait été trop loin, et s'il était assez brillant pour s'en rendre compte, il ne savait pas que faire. Rongé par la nécessité de lui faire entendre raison, il avait été laissé libre cours à sa bêtise naturelle. Qu'il regrettait déjà, sans savoir comment y remédier. Point n'était question de s'humilier par de plates excuses. Mais que faire ? Il était si malheureux de ce qu'il venait de dire. Et ne comprenait pas trop ce qui animait son écuyère. Voulait-elle encore le suivre ? Avait-elle peur de l'avenir ? Il ne désirait pas l'humilier. Il ne se l'avouait pas mais en lui montait un sentiment d'attachement qu'il ne parvenait pas à définir.

- Et moi, que crois-tu que j'ai éprouvé durant ton absence !

Cela lui était sorti d'un coup. Il avait cédé comme un vieux chêne face à la bourrasque d'automne....Mais se rendait-elle compte de ce qu'il venait de dire ? Elle poursuivait son avancée vers on ne sait où et lui, qui aurait aimé la clouer là pour le compte ne savait s'il fallait en rajouter ou attendre qu'elle fasse le premier pas. Tout indiquait qu'il avait raison. Sa fuite sur un cheval qu'elle ne connaissait pas, son inconscience, son retour à peine excusé...Heilen avait vraiment eu peur. Et il ne savait pas comment le lui faire comprendre. Tout simplement parce qu'il n'était pas père et ne s'était pas encore fait à l'idée qu'elle devrait voler de ses propres ailes. Heilen n'avait pas encore appris à être une bon professeur qu'il avait déjà des traits de protecteur tyrannique. Oui, il avait eu peur et sa seule façon de le lui faire comprendre avait été de la faire payer le prix. Stupidement. Parce que la peur est mauvaise conseillère.
Ayant arrêté Grison, alors que la jeune femme poursuivait son chemin, il sentit une humidité monter mais il finit par se reprendre.

- Maëlan, attends moi...

Il étouffa la suite de sa phrase, qui devait être une sorte de ..."c'est un ordre"....Heilen tournait en rond sans le savoir !

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Maëlan, qui marchait d'un bon pas et qui avait déjà distancé cheval et chavalier de quelques mètres fit demi tour, le visage furieux et la mine comme un ciel d'orage... Elle n'avait jamais été si en colère de toute sa vie... Et sans savoir pourquoi en plus de tout. Elle se planta devant la monture, et empoigna les rènes afin que Grison ne lui marche pas dessus, avant de plonger ses yeux furibons dans ceux d'Heilen. L'humidité y était toujours présente, brouillant le regard noir et coléreux qui se cachait derrière.

"Si vous m'aviez simplement demandé pourquoi je ne suis pas revenue plus tôt, ou pourquoi j'avais disparu si longtemps, peut être que vous auriez compris mon geste! Mais non! Vous vous entêtez à me prendre pour une gamine capricieuse et irresponsable! Croyez vous que j'ai disparu une journée entière juste pour découvrir le pays? Et ce pain et ce fromage que j'ai ramené, ils me serraient tombés du ciel dans les mains?"

Elle avait relaché les rènes pour se mettre à la hauteur de l'homme sur sa monture. Tans pis s'il devait lui claquer la joue pour la calmer, peut etre en avait elle besoin... Mais à présent qu'elle avait pris le partit de tout laisser filer, elle ne se retiendrait plus. Elle avait besoin de lacher du leste...

"Mais non! Au lieu de ça, vous avez tout de suite pensé à une fugue! La petite Maëlan est bien futile! Elle ne mérite pas tout ce que je lui donne! Si elle savait tout les efforts que je fait pour la supporter..."

Elle reprit sa respiration et se remit à parler, voir même à hurler... A présent, elle ne se controlait plus vraiment... Si la peur est mauvaise conseillère, la rage et la peine sont deux alliers bien pires.. Elles vous font faire ou dire des choses que vous ne voudriez pas.

"Mais je le sais! Ne me faites pas l'affront de me prendre pour plus béte que je ne suis! Je n'ai peut être pas toute votre instruction, mais les choses du coeur et de la tête ne s'apprennent pas dans les livres! Peut être même pourrais je vous donner des leçon sur ça!"

Ses yeux débordèrent de nouveau, laissant de longues traces de pluies sur ses joues cramoisies... Elle passa bien vite ses mains terreuse sur son visage pour les effacer, essayant de se calmer un peu... Elle savait qu'elle lui faisait du mal, elle savait qu'elle regrettait déjà tout ce qu'elle avait dit, mais elle savait aussi qu'elle avait besoin de se vider... De trouver un coupable à la peine qui l'accablait depuis plusieurs jours à présent, de se décharger de son sentiment de culpabilité au moins pour un moment...

"Je me serais excusé plus longuement hier, et je me serais expliquée sur mon comportement si vous m'aviez laissé la parole! Mais vous m'avez suffisamment fait comprendre que vous ne souffreriez pas l'affront de mes excuses en plus de l'attente de la journée!"

Elle ne put continuer bien longtemps sur ce ton là... Elle se sentait vide à présent, vide comme une coquille de noix rongée par un vers, et incapable d'en rajouter. Que la sentance tombe à présent... Après la foudre, c'est au tonnerre de gronder. Et gronder... Heilen savait le faire. Elle savait qu'elle n'aurait probablement pas du en dire autant, mais lorsque l'on blesse l'animal sauvage que l'on tente d'aprivoiser, il mord. Maëlan avait mordu, et la trace de ses crocs était probablement visible sur le visage du chevalier...

La douche était sévère pour le chevalier. Jamais il n’avait pensé le moindre instant humilier Maëlan. Pas sur le peu d’instruction qu’elle avait. Phoenix n’était pas du tout de ce genre d’hommes qui pensent que les petits sont incapables de noblesse. D’intelligence et de cœur. Comment en était-elle arrivée à penser cela de lui ? Il fut touché au coeur par l’argument de la bougresse et littéralement scié par tout ce qu’elle venait de dire. Ne sachant rien d’elle, il n’avait pas pensé un instant qu’elle ait pu faire quelque chose de constructif, une sorte de pèlerinage durant tout ce temps. D’ailleurs, elle n’en avait rien dit, ni avant ni depuis. Comment pouvait-il le deviner ? Aurait-il pu le savoir ?
A ce point de leur algarade, Phoenix ne pouvait plus rien dire. Il perdrait la face dans tous les cas. Mais cela lui était bien égal. Bien sûr, il aurait pu lui faire remarquer que c’est elle qui posait les questions, que lui avait accepté de livrer une part de lui-même. Et ces efforts là, qu’il avait consentis sans trop rechigner, il lui semblait qu’elle ne les percevait pas. Un adulte aurait compris, peut-être. Mais elle. Qui paraissait encore une enfant.
En si peu de phrases, elle venait de démontrer qu’elle était adulte. Mais ce qu’elle ne mesurait pas, c’est la peine qu’elle lui infligeait. Lui ne montrerait rien. Mais le sang avait coulé en lui. D’un coup. Parce qu’il lui était reproché ce contre quoi il s’était toujours battu. Et bien qu’il puisse concevoir ses émotions, il ne pouvait réfréner les siennes. Ne sachant que faire, il resta là, assis sur son cheval comme une potiche en haut d’un pilier. Grison, qui sentait de son instinct animal que la peine suintait de partout, ne bougeait pas d’un millimètre.
N’ayant plus le cœur à parler, il retint ses mots. Ne disant pas que l’on prévient les gens lorsque l’on sait que l’absence sera longue. Se taisant sur ses craintes à la voir revenir en lambeaux, salie par on n’imagine pas quoi. Etouffant son statut dont lui se moquait éperdument. Et tout le reste qu’il est inutile d’énumérer tant il se saurait en défaut, quoi qu’il arrive désormais.
Heilen phoenix ne savait pas y faire avec les jeunes. Et s’il avait accepté sa présence, c’est bien elle qui en avait ainsi décidé. Coupable de faiblesse, de solitude. Esprit amoindri par la rouille de l’âme. Pauvre homme. Qui se voyait interdit la peur, l’angoisse, la bêtise. Décidément, rien ne lui serait épargné alors que lui-même savait pour l’avoir payé au prix fort ce que l’exil signifiait. Maëlan avait été injuste. Dure, sans qu’on ne puisse lui reprocher de l’être. Mais injuste. Comme les colères le sont toujours lorsqu’on s’en tient aux reproches.
Tandis qu’elle avançait encore, semblant une fois encore partir au hasard, lui restait là, comme un pétrifié. Et sans larme pour couler. Parce que toutes les larmes d’amour avaient été données à son aimée de jeunesse. Ce coeur là n’avait plus rien à donner. Qu’il est difficile de vivre lorsque l’on ne sait pas exprimer ses sentiments. Les autres nous croient dur comme la pierre alors que nous sommes friables comme la marne. Heilen ne bougea pas. Alors qu’il aurait dû lui demander pardon. Il fallait qu’il parle. Il devrait parler. Mais aucun son ne sortait. L’huître, qu’elle avait un temps ouvert, venait de se refermer.

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La silhouette de l'écuyère avait presque disparu au loin. Les secondes, telles des heures d'hiver, avaient duré des siècles. Heilen, toujours médusé, n'avait pas bougé. Et puis. Finalement, au moment de la perdre de vue, il n'avait pas pu se résoudre à la laisser filer. Une voix d'outre tombe résonnait en son coeur granitique.
C'est alors que la chose arriva. Tandis que le chevalier faisait le geste de talonner les flancs de Grison de ses bottes, à cet instant précis où le cavalier perd une infime partie de son contrôle sur l'animal, la chose passa entre les pattes du destrier. Personne ne pourrait dire ce qui effectivement causa la suite. Grison avait-il bougé, coinçant l'animal, tout ou partie sous son antérieur gauche ? La bête eut-elle peur tout d'un coup ? Mordant au sang la base du mollet ?
Hennissant de douleur, se cabrant dans l'instant, avec une rapidité et une violence extrêmes, Grison échappa à notre homme. Qui perdit une première fois l'équilibre.

- Grison, du calme, l'ami.

Mais c'en était trop pour le meilleur ami d'Heilen qui, à peine revenu sur ses 4 pattes fut lancé par un nouvel accès de douleur, le faisant se redresser encore plus verticalement. Cette fois-ci, Heilen n'eut pas le temps de parler, il tenta de s'accrocher à la crinière du cheval, qui échappa entre ses doigts à la poignée pourtant vigoureuse du gaillard. Une touffe non négligeable resta dans le creux de sa main mais il ne put éviter la chute. Entraîné qu'il était par le poids de l'armure.
Dans un fracas de quincaillerie, Phoenix s'écroula en arrière, de façon très mauvaise car en partie sur la nuque. De côté aussi, ce qui expliqua le bruit sourd et osseux du choc conte la pierre. Assommé, il perdit connaissance aussitôt. Mais ce n'en était pas fini pour l'animal, toujours mordu au sang par cette bête décidément tenace. Cette fois, Grison partit au galop, libre qu'il était désormais du poids de son maître. Mais le pied droit était resté dans l'étrier. Et Grison traîna Heilen sur une vingtaine de pas. Avant que le cuir ne cède sous la tension des forces contraires.
Tandis que le cheval poursuivait ses ruades afin de tenter de se libérer, Heilen gisait désormais au milieu du chemin, sur une épaisse mousse vert clair, qui virait de plus en plus au rouge autour de sa tête.

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Pourquoi c'était elle retournée à ce moment précis? Il ne lui restait que trois pas à faire avant de disparaitre du champ de vision du chevalier. Ainsi, elle aurait pu passer une partie de sa vie, et continuer vers ce qu'aurait pu lui offrir le destin...

Mais non. Elle c'était tournée, et avait vu... Son visage c'était liquéfié, et pendant un instant, elle n'avait pas bougé, observant le terrible spectacle qui se passait sous ses yeux... Enfin, le cuir avait cédé, et le chevalier restait au sol, gisant dans son sang, inconscient...

Maëlan c'était alors précipté, et avait agit avec rapidité et expériance malgrès son jeune age... Bander la tête, relever les pieds à l'aide d'une pierre, allumer un feu, couvrir, et partir à la recherche de Grison... C'était dans les sacoches de Grison que se trouvait tout le reste... La piste ne fut pas trop dur à suivre, l'animal blessé avait laissé suffisamment de sang sur le sol pour le retrouver... L'attraper et le calmer fut plus compliqué, mais même une armée n'aurait pu stopper sa volonté...

Cheval rattrapé, soigné, et retour pret du chevalier pour lui prodiguer la fin de ses soins. Il n'y avait plus qu'à attendre... L'angoisse du chevalier face à la propre chute de Maëlan lui revenait à l'esprit.. Que ces heures étaient longues... Elle ne pouvait qu'attendre, serrant sa main droite dans les siennes en chantonnant quelques chansons ou prières aux esprits de la nuit, à la déesse et surtout au chevalier...

"Pardon... Pardon je regrette tans ce que je vous ai dis! Pardonnez moi... Pardonnez moi et revennez... Qu'est ce que je devriendrais, moi, sans vous...? Il me reste tans à apprendre, à comprendre et à aimer de vous... Pardonnez moi... Ne me laissez pas... Par pitier revenez!"

Je suis à l'âge des défis. Je suis un jeune garçon rêvant sa vie comme un héros de légende ainsi que les peignent les conteurs. Et mon bras armé défend les villages, les âmes perdues, les victimes. Dans ce flou que tu entretiens, je me vois ainsi que les pères voient les fils. Forts, implacables, ce qu'ils n'ont pas été assez, ce que nous voudrions être. Ce vol est agréable, je flâne au gré des nuages qui m'entraînent vers demain. C'est comme si je nexistais que pour moi, personne d'autre n'est là. Personne ne me dicte ma route, mes humeurs. Je suis libre. De mes choix, de mes envies, de vivre comme je l'aurais voulu si tu n'étais pas partie. A jamais seul d'avoir perdu en toi l'unique chemin possible...Et mon corps qui sourit atteste du bien être.
Je n'entends plus rien, je ne suis plus rien. Rien qu'un papillon qui bat des ailes en passant de fleur en fleur.
J'avais rêvé de cela, une vie de bravoure et d'amour. Enfin elle se présente. Profitons en.
A quoi pense celui que plus rien ne peut réveiller ? Indéfiniment il rêve ? Ou bien ne sont-ce que cauchemars et souffrances ?
Le temps n'a plus de prise sur moi, je deviens un arbre. Plus de cheveux blancs, ce qui tombe repousse à la saison suivante. Je suis sans âge. Je suis sans âme. De papillon à courant d'air, je disparais. Eclaté en mille souvenirs que personne ne récolte. Parce que j'ai vécu seul.
Devenu poupre, le ciel de mon errance tourne au violet, noir sang. C'est fini, je ne ressens plus rien.

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Indéfiniment je divague, le temps n'a plus cette prise inéluctable. Ni le froid, ni le chaud, ni surtout la passion ne m'étreignent.
C'est étrange ce sentiment de vivre en arrêté. Comment te dire cela l'ami ? Puisque je ne parle plus. Heureux de ma situation, je profite du moindre rêve pour continuer le chemin tracé par les souvenirs. Mon amour est reparu, elle est dans mes bras, comme si rien ne l'avait arraché à moi. La tentation de vivre une autre vie est forte. Ne pas se réveiller, pour ne pas souffrir. Ne pas finir non plus, pour ne pas la rejoindre dans l'oubli. Entre deux eaux, je suis bien. Des enfants alentour jalonnent nos regards. Mon aimée esquisse un sourire, elle a de subtiles rides...Ainsi est-ce à cela qu'elle aurait ressemblé si elle ne m'avait pas été arrachée... L'amour n'est pas vieille, elle est resplandissante. Car le bonheur efface les stigmates de l'âge. Inversement à moi, elle rayonne. La vie ne m'a rien demandé, je ne lui ai rien donné puisque je suis encore et toujours seul. Ni enfant ni descendance. Ni succès ni réussite. Dans ce monde que je rejette, je ne suis rien. Ni le chef d'un Empire ni le chef de famille. Ici, tout d'un coup, je deviens une once de ce que j'avais souhaité. Un homme simplement heureux, tranquille de voir les siens grandir et devenir.
Je n'ai rien fait de ma vie. Que me reste-t-il ? Alors que mon amour caresse les cheveux de l'enfant qui trébuche, le voile réapparaît, celui du sang séché, celui de la douleur, j'ai très mal tout d'un coup...
Tout cela n'a duré que le temps d'un rêve. Pourtant, il m'avait paru être celui de toute une vie. Non, elle s'enfuit, à nouveau, me laissant seul alors que nous voulions poursuivre et bâtir ensemble. Amour, reste avec moi !!!
Elle a disparu derrière le rideau, je sombre...La douleur intense maintient le sentiment de vivre.

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La matinée c'est passée sans grand changement pour l'écuyère ou le chevalier.... Lui continue de dormir, pale comme la mort et immobile comme une pierre tombale...

La petite Maëlan c'est agitée, soignant monture, préparant des pommades à base de plantes, tournant et virant autour u chevalier, vérifiant régulièrement sa respiration avec espérance...

*Il est toujours vivant.... Il est toujours vivant....*

"Oh... Pitier... Ne partez pas où je ne peux vous suivre.... Je vous en prie..."

Cette même hrase revien souvent, sous toute les déclinaisons possibles... La jeune demoiselle prie, espère, attend.... Un signe, un mouvement, une parole, ou même un grognement... Lorsqu'on enguage une bataille contre la mort, il faut s'armée de patience.... Rien d'autre ne peut vous aider à tenir. Combien de temps c'est il écoulé depuis la chute peut être fatal? Des jours, des semaines, des mois, ou seulement quelques heures, elle ne saurait le dire... Parfois, elle est prise d'envie d'abandonner, de hurler au monde sa défaite et son desespoir, mais qui l'écouterai? Dans cet endroit qui semble deserté de toute présence humaine autre qu'elle et le chevalier.... Un regard sur lui et son courage revien intact, alimenbté par l'éspérance qui fait vivre toute chose en ce bas monde....

Le soir venu, mais lui n'avait plus conscience du temps depuis bien longtemps, le chevalier sentit très douloureusement son crâne secoué telle une cloche que l'on éprouve le jour du mariage d'un prince. Sauf que la nuit de noce qu'il venait de passer s'avérait très dure au réveil. Comment expliquer l'effet combiné d'une migraine et d'un lendemain de beuverie ? Ajouté par une addition diabolique à une douleur typique des plus terribles champs de bataille...
Heilen n'y voyait pas grand chose, tout en essayant de parler ce qui s'avérait dépasser de beaucoup les capacité cérébrales de l'homme en l'état actuel de ses capacités.
Pour tout dire, il n'entendit de lui que des grognements simiesques, enfin plutôt des signes qu'il avait encore des cordes vocales....L'oeil ouvert ne percevait que du flou, c'est à peine s'il sentait ses doigts. En revanche, il avait odieusement froid. La morsure était vive et il aurait bien frissonné si cela n'avait pas amplifié la résonnance de la cloche, là, en haut de ses épaules...
C'est alors qu'il eut une sorte de couteau sur le visage, une secousse qui le fit replonger pour un temps dans l'inconscience. Maëlan avait tenté de lui caresser le visage, c'en était plus qu'il ne put supporter pour l'heure. Morphée l'avait rappelé, c'était toujours mieux que la faucheuse...


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Lui ne savait pas qu'il ne s'était passé que quelque minutes. Alors que le feu crépitait, il grelotait mais venait de sortir du noir des enfers, ouvrant les yeux pour de bon. Terriblement assailli par son mal au crâne, il ne trouvait pas grand chose à dire. Faire le tri entre ce qui avait le rêve et ce qui restait d'avant la chute. Car d'ailleurs, à bien y réfléchir, et le froncement de sourcils était en soi douloureux, que s'était-il passé pour qu'il soit ainsi allongé sur le côté, avec une faim de loup effrayante, un mal impossible à mesurer là haut et une difficulté à comprendre. Maëlan au loin, Maëlan en colère, les branches d'arbre dans les yeux, qui volent au rythme de l'animal qui se cabre...Et puis le noir. Les doux rêves disparus, seule la réalité d'une armure froide comme un glacier des hauts de Sion. Et lui qui ne parvenait pas à comprendre.

-...Que...Que ...

Une odieuse impression de vomir en même temps que la joie de s'entendre vivre à nouveau. Le mal était si intense qu'Heilen avait les sens bouleversés par le simple fait de s'entendre. Comment pouvait-il savoir que se sortir indemne d'une telle chute relevait du miracle. Lui, tout ce qu'il voyait, c'est son envie de tout renvoyer. Sauf qu'en l'occurence, il n'avait rien à renvoyer !

- Que s'est-il passé ?

Il venait de lâcher ses premiers mots de rescapé d'outre tombe. Mais s'il la regardait, il avait peine à la voir vraiment. Etrange réalité. Il la savait présente, elle était là, comme une évidence. Mais elle n'était dans ses yeux pas plus nette qu'un nuage dans le lointain. Heilen vivait. Mais il lui faudrait du temps pour se sentir à nouveau un homme digne de ce nom...

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"Vous avez fait une mauvaise chute..."

Maëlan, dont la gorge brulait de larmes retenu n'avait pu prononcer un mot de plus. Les longues nuits de veille et d'attente ont cette faculté de vous faire craquer bien plus vite que vous ne le voudriez....

Elle se contenta de lui prendre la main, si le contact des yeux était brouillé, peut être que celui du touché ne le serai pas...

La différence fut choquante pour le chevalier. Sa main était d'une telle frodieur dans celle si chaude de l'écuyère...Il était glacé.

- J'ai froid.

Il ne sut que dire d'autre. De plus. la vue revenait peu à peu malgré la nuit noire. Il voyait la chevelure rousse de Maëlan et le reste de la jeune fille qui en d'autres temps aurait resplendi . Mais là, il comprenait rien qu'en la voyant le piteux état dans lequel il devait être. Avait-il les moyens de se rendre compte de son désarroi ? Voire de son angoisse face à la mort possible ? Lui ne savait qu'une chose, la sentir le réchauffer ainsi par la main, cela lui faisait du bien. Aussi pressa-t-il régulièrement sa main, comme pour reprendre une conversation trop vite interrompue. Sorte de pulsation des corps qui reprenait, comme si de rien n'était.
Il était trop tôt pour tenter de se redresser, il n'y pensait même pas. Si déjà il pourrait aligner deux phrases sans bafouiller, le chevalier s'estimerait heureux. Et ce mal au crâne qui le lançait avec une vigueur aussi forte que soudaine...Sa grand mère lui disait souvent : Heilen, le mal s'attaque souvent à la partie la plus faible de l'individu !
Tu parles pensa-t-il ! Il en eut un hoquet de désapprobation, toussotement que Maëlan interpéta sans doute comme le mal qui le parcourait toujours.

- Merci d'être là Ecuyère, un chevalier n'est rien sans son double invisible. Apprendre cela tu dois.

Avec grand peine il avait fini mais il l'avait dit. Deux petites phrases au coeur de la nuit comme un aveu du lien qui désormais les unissait sans possibilité de rupture. Les épreuves étaient en train de les construire...

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S'ils avaient été dans un chateau, elle aurait peut être pu leur dégoter un chauffe-lit, une édredon supplémentaire, ou des vêtement plus chaud... Mais il portait déjà les deux couvertures! Tout ce qu'elle pu rajouter, c'est la cape qu'elle portait sur les épaules... Elle déposa l'espèce de casserole sur le feu afin de faire réchauffer la tisane, et pris ses deux mains pour les serrer dans les siennes.

"Je l'ai compris, Sire Heilen."

Marquait elle par cette phrase une sorte de voeux de fidélité d'une écuyère à son chevalier? Probablement, sans même s'en rendre compte...

"Je fais réchauffer de la tisane, vous essayerai d'en boire tout à l'heure, ça devrait vous faire du bien..."

Elle se mit alors à souffler sur ses doigts, comme Maël le faisait pour elle les jours de neige lorsqu'ils passaient leur après midi à faire des batailles ou des bonhome de neige.

Les branches d'arbres que le chevalier pouvait percevoir en arrière plan continuaient de tournoyer autour de l'écuyère ce qui lui faisait comprendre que son état restait précaire. Une sorte de nausée le parcourait en tous sens. Le chaud venait des doigts mais le reste de son corps parlait du froid et du malaise.
Qui fut bientôt renforcé par ce breuvage pour tout dire infect qu'il dut avaler. Car notre homme n'eut pas vraiment le choix. La jeune femme s'arrangea pour le coincer dans une position telle qu'il avala, ou plutôt qu'il dut siroter ce liquide aux accents de jus de racines terreuses...Ce fut une drôle d'épreuve. Car si le goût était réellement horrible, l'effet produit par la chaleur et peut-être aussi par les éléments qui le composaient donna à noter homme une sorte de coup de fouet. Comme si d'un coup les branches avaient été figées par le bon dieu, il sentit un net progrès dans son état. Pour la première fois depuis son réveil, il put serrer la main de l'écuyère assez fort pour attester qu'il était encore un homme. Les forces revenaient.

- C'est....abominablement bon à la santé ton breuvage...

Comme une sorte d'aveu difficile à faire, il en toussa un instant mais pour mieux enfoncer le clou.

- ...enfin...il ne m'a pas achevé, c'est déjà ça.

Quand on recommence à faire de l'humour, c'est que les choses vont mieux. Ce n'est pourtant qu'au moment où il grognerait de nouveau qu'elle le considérerait tiré d'affaire. La chose était en bonne voie.