"Evasion et Rédemption"

Elle venait sans le savoir de profiter de l'un des rares moments de faiblesse d'Heilen. Il n'ezut pas le couer à lui cahcher davantage les choses. Dans une étrange ambiance de confessionnal, il se lança.

- Lorsque j'avais à peu près ton âge, j'ai rencontré le seul amour de ma vie. Une jeune femme noble, de deux ans mon aînée. ce qui s'ensuivit, je n'ai pas besoin de t'en faire une longue description. Mais nous fûmes pourchassés par nos deux familles qui avaient un étrange commun intérêt à ce que notre union ne donne pas de fruits... Chassé de mes terres, pourchassé, j'en fus réduit à errer avec elle. Et un jour, ce qui devait arriver advint. Des brigands, la violence, l'abus. Et le meurtre. Ils crurent m'avoir tué aussi. Mais j'en réchappai. Avec en tête le visage de chacun d'entre eux. Depuis, j'ai traqué un à un ces hommes, bandits pictes payés pour leur valeur. Il m'en reste un. Voila. Je crois que tu comprends mieux certaines choses maintenant...

Heilen s'était levé, lui tournait le dos, préférant ne pas lui montrer qu'il craignait que les choses ne se reproduisent.


hp 60

Maelan ne sut que dire, ni que faire.... Ces revelations l'avaient comme figee, glacee sur son siege de fortune, et alors que le chevalier lui tournait le dos, elle ne put que sentir des larmes lui monter aux yeux...Ainsi c'etait ca le secret qui le rongeait depuis si longtemps? Elle esperait presque ne l'avoir jamais entendu. Bien sur, cela expliquait beaucoup, mais comment pourrait elle jamais lui rendre la paix?

Elle comprennait son desir de vengeance, et n'irait pas a son encontre, ces hommes devaient payer leur faute. Mais une fois que celle ci serait accomplie, une fois que le dernier homme aurair rendu son souffle, qu'est ce qui continuerait a le tenir debout? Car enfin, une fois la vengeance accomplie... Il ne reste que le vide... Le vide te plus rien pour vous donner envie de continuer. Elle avait vu un instant dans les yeux du chevalier alors qu'il etait encore face a elle, elle avait vu cette douleur infinie, ce chagrin inepuisable, et elle sentait que la fin entrainerai bien d'autre complications...

Que ferait elle sans son chevalier? Elle avait pleine confiance en lui, et ne pouvait meme envisager la possibilite d'un echec de sa part, mais sa veritable inquietude etait l'apres.

Elle secoua la tete, ce n'etait pas le moment de penser a ca! Elle laissa retomber ses petites baies rouges sur le sol, elle n'avaient plus aucun interet maintenant, et se releva enfin, avant de dire d'une petite voix hesitante.

"Je... Je suis vraiment desolee..."

Elle ne savait pas pourquoi, mais elle avait l'impression que des excuses s'imposaient. Et puis que dire de plus dans ses moments la...?

- Ce, ce n'est rien...Dis moi, elle signgnifiait quoi la chanson que tu chantais il y a deux minutes ?

Le chevalier ne la regardait toujours pas mais, enfin il aurait aime savoir...Et puis, a quoi bon se faire du mal, une partie de lui avait disparu ce jour la aussi, l'errance avait reellement debute a cet instant...Mais il preferait ne plus y penser, meme si au fond de lui, la surprise etait d'avoir pu en parler presque...naturellement...La douleur restait vive. Mais il en avait parle.

hp 61 (from GB, sorry if it's short, et ici, pas d'accent pour l'orthographe, les claviers qwerty c'est pas le pied)

"Et bien...."

La chanson lui parraissait tellement loin maintenant! Et puis elle etait mauvaise en traduction... Elle savait baragouiner un peu de gaelique que sa grand mere lui avait appris, mais quand il sagissait de traduire... C'etait une autre histoire!

"C'est une chanson que me chantait ma grand mere... Je ne saurais vous la traduire mot a mot, mais je peux vous dire de quoi elle parle.... C'est un jeune homme qui est amoureux d'une jeune fille, et qui demande a son ami d'aller la voir pour lui demander si elle l'aime en retour... Mais elle ne l'aime pas...."

Elle se rassit sur sa pierre, devant le feu, et tourna les volailles embrochees.. Leur chaire avait deja bien roussit, et elle rependait un fumee des plus appetissant! Mais le chevalier aurait il le coeur a manger....


[Hs: Bah c'est pas grave, j'ai le meme bete clavier sous les doigts!]

Le chevalier fut attriste par la reponse...

-Ah...c'est dommage, il va falloir que je les imagine ces paroles...

A ce moment, le regard etait plus vide que jamais, il lui semblait que l'hiver venait d'un coup de tomber sur la foret toute entiere.


hp 62 ( dsl, post court a nouveau, depuis le kent, maelan peut donc poursuivre)

Que faire? Que faire pour lui faire oublier ce qu'il vennait de lui dire? Le lancer sur autre sujet? Maelan n'en avait pas le coeur... Elle se voyait tres mal lui parler de la pluie et du beau temps a present! Quand a garder le silence... Ca voulait aussi dire le laisser dans sa tristesse. Et elle ne voulait pas non plus...

Sa voix, alors, tel un murmur au debut, puis se renforcant au fur et a mesure pour prendre plus d'assurance se remit a chanter. C'etait las seul chose qui lui etait passe par la tete, et sa grand mere lui repetait souvent qu'un pouvoir magique etait cache derriere les mot en gaeliques... Lorsqu'on les chantait, il pouvait faire oublier toute sorte de choses! Du moins, pendant un moment...

"Tha na duilleagan a' dannsa
Bho na craobhan anns a' ghaoith
Foghar donn ar bliadhn' air tionndadh
Nis tha luchd an t-samhraidh ma sgaoil


Sona dh'fhag thu mi le m'eilean
4s leam na lochan is na baigh
Mo cridh' aig tamh air beanntab geamhraidh
Nis tha luchd an t-samhraidh ma sgaoil"

Une chanson bien plus triste que la premiere, bien plus douce et melancolique... Mais le chevalier ne comprennait pas le gaelique, sinon il ne lui aurait pas demande de traduire la premiere... Alors peu importait!

"Foghar nan eilean
Foghar mu thuath
Gheibh sinn beatha mar a chleachd sinn
Mas tainig an t-sluagh
Bidh am fraoch air nam beanntan
'S a choille ruadh fon ghrian
'S iad a sealltain dathan dhomsa
Gus an till iad a rithis


Tha an latha seachad buintean duinnte
Gheibh an caisteal fois na h-oidhch'
Gheibh an t-airgead cadal socair
Nis tha luchd an t-samhraidh ma sgaoil


Mar a dh'atharraich iad ar beoshlaint
Mhill iad dualchas cainnt 's ru doigh
Ach fhoghair, crathaidh mi do lamh
Nis tha luchd an t-samhraidh ma sgaoil


Foghar nan eilean
Foghar mu thuath
Gheibh sinn beatha mar a chleachd sinn
Mas tainig an t-sluagh
Bidh am fraoch air nam beanntan
'S a choille ruadh fon ghrian
'S iad a sealltain dathan dhomsa
Gus an till iad a rithis"

Elle fini par se taire, tout en desambrochant les animaux a present cuit et pret a etre mange. Elle releva enfin les yeux vers le chevalier, et dit d'une petite voix, comme pour ne pas briser le charme:

"Le repas est pret..."

Le chevalier, perdu dans ses pensées, n'a rien entendu.
C'est terrible les moments de doute tels qu'il en vit un là...Il se lève et la regarde. Ses mains oseraient bien lui prendre ses mains. Mais il se rend compte de son âge, se rend compte de son indécence à penser ce qu'il pense. Alors il s'en retourne pour qu'elle ne le voit pas. Il pense à l'autre. C'est affreux. Il ne s'en était pas rendu compte. Comme elle lui ressemble...
Il s'appuie contre un vieux chêne qu'il caresse du pouce. Bras en l'air, tête sur l'avant bras.
Je ne veux plus aimer pense-t-il...Cela fait trop mal...

- Que disais-tu Maëlan ?....

Vraiment, il a perdu le fil de son esprit...

hp 63

Maelan releva les yeux vers son chevalier, l'observant garder le silence... Il semblait encore plus trouble a present, completement ailleur... Si elle avait su faire des cabrioles, danser a la facon des fous, raconter des histoires amusantes, quoi que ce soit qui aurait pu alleger sa peine ou lui changer les idee, enlever ce triste masque qu'il avait revetu depuis quelques minutes, ramener un sourire sur ses levres... N'importe quoi! Elle l'aurait fait a l'instant...

Mais tout ce qu'elle pouvait faire, de ces petits yeux vert brillant de larmes, c'etait le fixer avec compassion... La pitier n'avait ici pas de place. Elle ravala sa salive, et repeta d'une voix douce.

"Je disais que le repas est pret seigneur Heilen..."

- Ah euh, oui, tu as raison, j'oubliais.

Maëlan le vit se retourner vers elle et tenter, puis éviter de croiser son regard. Le fils de sion s'assit, grimaçant sans doute du fait d'une vieille douleur au dos...Et silencieusement, il se mit à goûter à ce qu'elle avait préparé. C'était délicieux. D'abord il ne pensa rien. Les idées se bousculant comme les sabots des chevaux dans un combat, il se concentrait sur les saveurs. Mais il dut bien admettre que cela méritait un mot.

- C'est délicieux...Vraiment c'est bon...

Ne sachant pas quoi dire d'autre, toujours interloqué par les pensées qui l'agitaient, il finit l'écuelle au lieu de s'embourber dans des phrases de salon. Celles-là, c'était pas son fort. Et surtout, il manquait de la plus élémentaire pratique...Il sentit qu'il allait divaguer. Alors il fit tout pour ne plus rien dire...

hp 64

Maelan ne put s'empecher de sourire... Elle ne savait pas ce qu'il se passait dans sa tete a cet instant, mais ca en devenait intriguant... Il agissait d'ailleur de plus en plus bizarrement, cherchant son regard pour ensuite l'eviter... Il lui fit meme un compliment!

Elle n'avait pourtant pas cherche midi a 14 heures en laissant cuire les "deplumes" sur leur broche... Mais il faut croire que la chose est toujours meilleur quand on ne la prepare pas... Elle mangea en silence, picorant comme un petit oiseau comme a son habitude... C'etait etrange... Il lui semblait que les lecons du chevalier lui manquaient a present... Lui d'ordinaire si prompt a lui raconter la vie et ses aleas etait si silencieux a present!

"Dites seigneur... Comment savez vous quel chemins nous devons emprunter? J'ai entendu parler d'une etoile qui indiquait le chemin au voyageur, mais il est la midi, et le soleil courre a travers le ciel... Aucune etoile n'est visible..."

La perche tendue par Maëlan était trop belle, il rebondit dessus ce qui lui permit de donner le change sans trop montrer son trouble !.

- Euh, une enfant des campagnes comme toi ne connaît pas les étoiles ? cela m'étonne...

Effectivement, cela l'étonnait un peu. Mais était-il capable de se rendre compte qu'elle cherchait à le faire revenir de son monde intérieur ? Il expliqua tout naturellement le positionnement des étoiles dans le ciel. Evidemment, c'était très virtuel car avec un tel soleil, seule l'imagination servait. Mais il fit une description précise. Très précise. Et à un moment, il dérapa...

- Et là, on trouve le losange de...

D'un coup, il redevint fermé, croisant à ce moment-là ces yeux qu'il aurait fallu ne pas voir.

hp 65

Maelan retrouva son sourire et sa douceur enfantine, ecoutant avec plaisir son chevalier lui expliquer le monde... Bien sur qu'elle connaissait les etoiles! Enfin du moins une bonne partie, mais tout ce qu'elle voulait, c'etait entendre sa voix profonde et grave lui parler de nouveau...

Ce fut gagne pendant un moment... Jusqu'a ce qu'il lui parle d'un losange... Non, elle n'avait jamais entendu parler d'une telle constellation, a moins de conciderer Orion comme un losange...? Elle fronca legerement un sourcil, pourquoi c'etait il arrette? Mais comme la plupart du temps, sa bouche depassa sa reflexion en rapidite...

"Le losange de quoi?"

Elle restait la, a le regarder, comprennant petit a petit qu'il y avait sous cette etoile une verite profonde qu'il valait mieu ne pas entendre, et surtout ne pas lui demander... Le visage d'Heilen visage c'etait rembruni... Ses joue se colorerent legerement de rose, tandis qu'elle cherchait un moyen de rattraper l'erreur qu'elle ne comprennait pas et que pourtant elle semblait avoir faite...

Lorsqu'il était encore un chevalier à marier, il avait un soir, choisi avec son aimée un assamblage d'étoiles qui seraient leurs étoiles...Le losange des coeurs...Et voir, revoir ces moments, croiser ses yeux qui d'un coup lui parlaient. C'en était trop. Il ne put répondre. Alors, faisant semblant de réfléchir, il dit.

- Je...je ne me souviens plus. Mon dieu, j'ai oublié le nom...As-tu fini ton écuelle que je fasse la vaisselle, j'ai repéré un petite rivière avec ce qu'il faut de sable...

L'homme allait tout faire pour fuir désormais. Car ses sens étaient bouleversés...A l'intérieur, ça cognait dur comme fer...

hp 66

Maelan ne sut quoi faire... Il semblait encore plus perturbe que quelques minutes auparavant! Et le pire, elle le sentait, c'est qu'elle etait incapable de faire ou dire quoi que se soit pour l'aider... Elle ne savait meme plus la nature de son mal! Il semblait si trouble... Qu'est ce qui avait bien pu le mettre dans cet etat? Du meme coup, elle se mit a paniquer aussi...

Allait il prendre les ecuelles pour faire une pretendue vaisselle et la laisser seule ici? Il semblait pret a fuire, comme une biche affolee, bien qu'il chercha a garder constance devant elle... Elle repondit d'une voix troublee dont elle maitrisait assez mal le ton:

"Je... Oui..."

Elle lui tendit donc l'ecuelle en question, hesitant a le laisser partir... Mais sa fidelite et sa confiance aveugle alla bousculer la petite fille apeuree qui tremblottait en elle. Non, il n'etait pas homme a la laisser la, et elle le savait. Il avait juste besoin d'un peu de solitude afin de remettre ses idees en place, c'etait tout...

Elle se detourna alors, faisant mine de rassembler les affaires avant de se rabattre sur Grison, qui brouttait paisiblement un peu plus loin... Lui au moins elle le comprennait tout a fait. Une pomme ou un pissenlit, et il etait comme un coq en pate!

Il ne demanda rien. Fila au loin, trouvant un ru quelconque et nettoyant au sable les écuelles du repas. Mais il prit soin de plonger ses mains dans l'eau froide, à en prendre le sens de leur existence. Heilen ne verrait jamais cette plaie se refermer. Et il en venait, enfin rien n'est moins sûr, à se demander si la présence de Maëlan était bénéfique pour lui. Comment avait-il pu être à ce point aveugle qu'il ne vit pas la ressemblance plus tôt. Ce serait alors une torture...plus que quotidienne...Le voilà enfermé dans une situation impossible...Il arriva ce qu'il devait arriver...Cela piquait les yeux, sacrebleu...
Il fallait revenir. Accepter cette épreuve...Cela serait de toutes façons maintenant pour lui une autre personne qu'il verrait. Etait-ce la bonne écuyère ? Il ne savait pas. Mais il avait désormais peur...En la voyant de loin, il se dit. "Mon dieu qu'elle est jolie..."

- C'est fait, rien de tel que le sable pour nettoyer le gras.

En tendant les écuelles, leurs mains se frolèrent, et le malaise de repartir de plus belle pour lui...

hp 67

Maelan avait passe son temps a ranger le peu d'affaires sortis pendant l'absence du chevalier... Tout etait bien emballe dans les sacoches, le feu eteint avec un peu de terre, les broches mises de cotes... Tout etait en ordre depuis belle lurette, mais celui ci tardait a revenir.

Elle detacha alors Grison, et l'emmena broutter un peu plus loin, pour qu'il profite des fleurs et de l'herbe tendre qu'il n'avait pas encore piettine, et le rattache... Que faire a present? Elle s'appuya contre lui, se laissant bercer par ses mouvements d'encolure alors qu'il arrachait des touffes d'herbe avec une frenesie nouvelle...

Il revin enfin... Elle l'acceuilli par un sourire, et non sans un certain soulagement, elle avait eu beau s'interdire de ne plus penser a mal, son attitude etrange l'avait trouble... Surtout parce qu'elle ne comprennait plus son attitude envers elle, il semblait vouloir la fuire...

"Allons nous repartir tout de suite?"

Peut etre qu'un peu de route le deriderai... Peut etre qu'il reprendrai ses longs discours et sa facon de la regarder comme si elle etait une toute petite fille qui ne savait rien encore...

- Oui, avançons...Il faut avancer, oui...

Pour aller où ?...Il n'en savait plus rien. Seul le cheval savait qu'ils montaient au nord...Lui, il ne pensait plus. La haine l'avait si longtemps étouffé, il ne vivait plus. Sauf que depuis quelques minutes, la mécanique rouillée avait donné des signes de vouloir fonctionner à nouveau. Et relancer une vieille machine, ça fait du bruit...
Heilen n'était plus sûr de rien...

- Tu penses à quoi Maëlan ?

hp 68

Maelan reprit donc sa place aux cotes de Grison avec gratitude, marchant sur la route caillouteuse sans plus aucuns rechignements. Finalement, elle aimait cette place... Elle s'y trouvait meme tres bien. Elle pouvait ainsi surveiller les pieds de l'animal, tandis que le chevalier pourvait garder un oeil sur elle du haut de son perchoire...

Cela lui evitait surtout, dans les circonstances actuelles assez etranges, de croiser son regard, ou de voir son visage trouble... Alors qu'elle etait toute a ses pensees, une main negligemment accrochee a la criniere du cheval, Heilen lui posa une question, auquel elle repondit sans meme vraiment s'en appercevoir...

"Je me demandais que se passera t'il lorsque tout sera fini? Ou comptez vous aller?"

Elle continua de marcher en fixant la route, sans vraiment percuter l'impact que ses paroles avaient pu avoir.... Lorsque soudain, elle entendit la phrase qu'elle venait de prononcer lui raisonner dans les oreilles... Elle n'avait tout de meme pas...!?!! Elle s'arretta net, releva la tete vers l'homme chevauchant a ses cotes, la bouche entrouverte et les yeux rond, une expression apeuree sur le visage... Avait il entendu ses marmonages?

Heilen avait très bien entendu. Et cette question, il se la posa avec une accuité nouvelle...Ils les avaient tous tués. Sans exception...Il n'en restait qu'un. Mais d'un coup, il prenait peur. Les années avaient passé, les rides s'étaient créusées, la passion avait franchi depuis longtemps les rives de la haine. Et se voir ainsi au pied du mur...Que disait cette question ? Et après ?? Oui, après. Qu'y aurait-il après ? Devait-il enseigner à cette fille que la vie du chevalier est faite de vengeance ? D'un coup, toute sa vie perdait son sens. Mais comment pouvait-il le lui dire ? Qu'est-ce qui avait changé en lui ?...En même temps, il tentait de se demander ce que son héritage devenait. Car le chevalier sans peur et sans reproche revient toujours à la fin chez lui, plein de gloire et de savoirs...mais dans ce cas, il ne reviendrait pas trouver le repos. Et d'ailleurs, personne ne l'attendait. Il ne se sentait pas de dire un mensonge...

- Personne ne m'attend. J'ai été banni de mes montagnes...


hp 69

Personne ne l'attendait? Alors c'etait ca sa reponse? Personne ne l'attendait?? Elle fut envahi par une vague de tristesse... Alors non seulement, il savait qu'il courrait a sa perte en continuant vers le nord sans autres but que la vengeance, mais en plus il n'avait pas l'intention d'en faire plus... Et elle? Pensait il seulement a elle? Qu'allait elle devenir sans lui?

Elle fut un instant tentee de baisser de nouveau la tete pour cacher ses larmes des yeux du chevalier et continuer de marcher en silence... Mais non. Elle ne pouvait pas accepter ca! Heilen etait comme un pere pour elle, et elle ne le laisserai pas se heurter a la mort, l'oublie et le vide... Car sa vie n'etait plus vide a present. Elle en faisait partit, et elle comptait bien ne pas s'en faire chasser!

"Personne ne m'attend non plus..."

Elle esperait que cette simple phrase lui montrerai suffisamment ce qu'elle ressentait pour lui, ce qu'elle attendait de lui... Elle ne voulait pas qu'il l'abandonne...

- C'est beau la montagne tu sais...Des cîmes qui vous enlacent, vous protègent, des orages qui se répondent par delà les vallées...La blancheur de la pureté...Les animaux rudes et solides...Le ciel..

Grison avait stoppé, sentant que le chevalier avait envie de faire halte...Plus rien ne se passait..


hp 70

Maelan etait alle refugier ses mains pres des naseaux de velour de l'animal, profitant avec joie de son souffle chaud sur ses mains glacees... Le chevalier semblait si trouble! Completement ailleur, deconnecte... L'entendait il seulement lorsqu'elle parlait...?

"Sire Heilen..."

Elle releva les yeux, la question n'etait peut etre pas judicieuse, mais elle le sentait si loin! Et sans comprendre pourquoi... Il lui fallait une reponse...

"Qu'est ce qu'il se passe...?"

Descendu de cheval, Heilen fait face à la petite graine de femme qui a tout détraqué dans sa vie transparente. Devant aller au bout maintenant, il se décide enfin.

- Maëlan, je ne suis plus sûr de vouloir achever cette histoire.

Il tient fermement Grison qui sent son maître agité par les émotions.

-...Tu voudrais voir les montagnes ?

Ces mots, il les a déjà prononcés. Et comme Grison s'est calmé, il peut enfin oser la regarder en face, cette vérité...

- On ne prend pas de gros risques à suivre un chevalier qui rentre chez lui. Sauf que dans mon cas, l'accueil risque d'être froid comme un hiver sans fin...

Quelle mouche l'a piqué pour qu'il soit aussi direct ? C'est juste qu'il n'avait plus la sensation de parler à son faire valoir. Mais ça, la petite le comprend-elle ? Est-il lui-même sûr de ce qu'il fait ? Qu'importe. C'est dit. Vivre, c'est renoncer.


hp 71

Maelan regarda le chevalier descendre de sa monture, et se poser devant elle... Ses petites mains resterent sur les naseaux de l'animal, tandis qu'elle cherchait le regard de l'homme devant elle... Les paroles qu'il prononca lui firent un drole d'effet... La faisant vibrer au plus profond d'elle. Peur? Joie? Soulagement? Reconnaissance? Elle n'aurait pu nommer le moindre sentiment a cet instant... Elle etait tout simplement figee, accrochee a ses levres, la respiration coupee par l'emotion palpable du chevalier et qui se transmettait a elle...

"Je vous suivrai quelque soit votre route, Seigneur..."

C'est tout ce qu'elle reussit a balbutier, ne tournant pas les yeux, ne rougissant pas, esperant que la lumiere qui le transcendait a cet instant ne s'eteigne pas... Il est long le chemin qui ramene a la maison... Elle meme le retrouverait elle un jour? Mais il n'etait pas question d'elle a cet instant.

En d'autres temps, il aurait porté sa main au bras de l'écuyer en disant que ce voyage prendrait plusieurs mois, que ce serait dur mais qu'au moins le danger ne serait pas au bout de la route...Mais il n'arriva pas même à lever le doigt. La toucher lui semblait désormais déplacé.
Revenir sur une décision ferme est toujours délicat. Maëlan mesurait-elle ce que cela lui avait coûté de droiture ? Mais lui ne voyait pas le prix de ce renoncement, il ne voyait plus rien d'ailleurs, sauf des détails pratiques qui permettaient de ne pas se poser les questions essentielles.

- Sire Heilen était très bien. Demoiselle Maëlan, dites moi sire Heilen, c'est aussi bien. Je n'aime pas les convenances pesantes...

Habile façon de ne pas dire la vérité...Heilen était en train de se mettre dans de beaux draps. Mais il choisissait sa route. Comme toujours.


hp 72