| La Bretagne au VIe siècle, terre de mythes et de légendes. Arthur règne sur Camelot, entouré de ses Chevaliers... |
| | La Ballade des pendus_ François Villon (1431-?) | |
| | Auteur | Message |
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Guinevere_old Admin
Nombre de messages : 699 Date d'inscription : 01/04/2006
| Sujet: La Ballade des pendus_ François Villon (1431-?) Mar 25 Avr à 15:10 | |
| François Villon, poète loubard et un peu truand, écrivit ce poème alors qu'il était en prison et pensait être conduit au gibet (potence de groupe, d'où le "attachés cinq, six") le lendemain.
La Ballade des pendus
Frères humains qui après nous vivez N'ayez les coeurs contre nous endurciz, Car, ce pitié de nous pauvres avez, Dieu en aura plus tost de vous merciz. Vous nous voyez ci, attachés cinq, six Quant de la chair, que trop avons nourrie, Elle est piéca devorée et pourrie, Et nous les os, devenons cendre et pouldre. De nostre mal personne ne s'en rie: Mais priez Dieu que tous nous veuille absouldre!
Se frères vous clamons, pas n'en devez Avoir desdain, quoy que fusmes occiz Par justice. Toutefois, vous savez Que tous hommes n'ont pas le sens rassiz; Excusez nous, puis que sommes transsis, Envers le filz de la Vierge Marie, Que sa grâce ne soit pour nous tarie, Nous préservant de l'infernale fouldre Nous sommes mors, ame ne nous harie; Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!
La pluye nous a débuez et lavez, Et le soleil desséchez et noirciz: Pies, corbeaulx nous ont les yeulx cavez Et arraché la barbe et les sourciz. Jamais nul temps nous ne sommes assis; Puis ca, puis là, comme le vent varie, A son plaisir sans cesser nous charie, Plus becquetez d'oiseaulx que dez à couldre. Ne soyez donc de nostre confrarie; Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!
Prince Jhésus, qui sur tous a maistrie, Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie: A luy n'avons que faire ne que souldre. Hommes, icy n'a point de mocquerie; Mais priez Dieu que tous nous vueille absouldre!
Traduction :
Frères humains, qui vivez après nous, n’ayez pas le cœur endurci contre nous, car si vous avez pitié de nous (+qui sommes+) malheureux, Dieu en aura plus tôt merci/pitié de vous (cf. les paroles du Notre Père : «Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé» dans la version moderne ; Villon n’en connaissait que la version en latin d’église). Nous voici (présentatif issu d’un ancien impératif : vois ici, voyez ici ! Notre traduction joue avec cette tournure) attachés, cinq, six. En ce qui regarde la chair, que nous avons trop nourri (=il bat sa coulpe et reconnaît sa goinfrerie, son désir en fait de consommer !), cette dernière est depuis longtemps dévorée et pourrie. Que personne ne rie de notre mal. Mais Priez Dieu qu’il veuille nous absoudre tous.
Si nous vous clamons nos frères, vous ne devez pas en avoir du dédain, quoique nous ayons été tué conformément à la Justice. Mais vous savez que tous les hommes n’ont pas un bon sens stable (assis de nouveau). Excusez-nous, puisque nous sommes passés de l’autre côté, envers Jésus… Nous sommes morts, qu’aucune âme ne nous haïsse.
La pluie nous a trempés… Les pies, les corbeaux nous ont creusé/crevé les yeux. Jamais à aucun moment nous ne sommes assis. Ici, là, le vent, en fonction de ses variations, sans cesse nous charrie, selon son bon plaisir, plus becquetés par les oiseaux que des dés à coudre (image atroce et réaliste)…
Prince Jésus, qui a le pouvoir sur tous, prend garde que l’Enfer ne devienne notre maître ; Nous n'avons rien à faire avec lui ni à lui payer. Hommes, ce n’est pas l’endroit pour se moquer des autres…
N.B. : Le français médiéval n’éprouve pas le besoin de morphèmes discontinus, du type : pronom personnel de telle personne suivi de la finale correspondante du verbe : la finale suffit par elle-même à indiquer la personne car elle est encore audible ; on conjugue donc : aime aimes aime aimons aimez (prononcé : ts) aiment avec pronom facultatif, sauf par insistance.
De même, l’ordre des mots est moins strict, plus souple et le texte de Villon en garde des traces…
A) Ballade :
En décasyllabes ou octosyllabes.
D’abord, la petite ballade :
3 strophes de même structure et sonorité finale, + la quatrième (débutant par l’envoi : Prince ou Princesse) de la deuxième moitié des 3 strophes précédentes. Soit 3 huitains + 1 quatrain (possibilité .
Refrain en fin de chaque strophe.
Structure des rimes : abab/bcbc, avec envoi donc sur bcbc ; on peut avoir aussi avec strophe de sept vers et envoi en quatrain : abab/bcc avec pour finir : bcbc ; d’autres jeux sont possible mais les rimes croisées initiales sont contraignantes : abab
La grande ballade :
3 dizains + 1 quintil, avec ababb/ccdcd, d’où un axe de symétrie juste après la première moitié.
Donc une structure complexe, très raffinée.
En fait, ce texte fait preuve d’un réalisme extrême, avec un souci de la précision clinique qui participe au pathétique qu’il génère.
Réalisme paradoxal, certes, puisqu’il s’agit d’une apostrophe (frères) adressées par des morts : qui après nous vivez à l’indicatif incontestable, ou le terme : vie éclate de façon prenante en fin de vers. Mais elle n’est plus là, HIC et NUNC ici et maintenant : vous nous voyez ci attachés. L’approximation 5/6 renvoie à une réalité du temps : on n’est pas à un pendu prêt (comme quoi l’exemplarité de la peine de mort… Toutes les statistiques prouvent que c’est un mensonge ! Merci aussi à Hugo et son dernier jour d’un condamné…)
tout en se mettant aussi au service d’une ultime prière : ce texte est nourri de christianisme et de la foi la plus profonde…
REMARQUE : François Villon est né la même année de la crémation de Jeanne d'Arc, on comprend alors cette tendance au vol et à la truanderie : Paris, dévasté depuis des années par les anglais (guerre de cent ans...), n'était plus la belle ville où régnait l'ordre.
François Villon est un des poetes les plus connus du moyen-age.
Dernière édition par le Mer 26 Avr à 21:23, édité 2 fois | |
| | | Guinevere_old Admin
Nombre de messages : 699 Date d'inscription : 01/04/2006
| Sujet: Re: La Ballade des pendus_ François Villon (1431-?) Mar 25 Avr à 15:11 | |
| Ballade Des Dames Du Temps Jadis
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Dites-moi où, n'en quel pays, Est Flora la belle Romaine, Archipiades, ni Thaïs, Qui fut sa cousine germaine, Écho parlant quand bruit on mène Dessus rivière ou sur étang, Qui beauté eut trop plus qu'humaine Mais où sont les neiges d'antan?
Où est la très sage Héloïs, Pour qui fut châtré et puis moine Pierre Abelard à Saint-Denis? Pour son amour eut cette essoine. Semblablement, où est la reine Qui commanda que Buridan Fut jeté en un sac en Seine? Mais où sont les neiges d'antan?
La reine Blanche comme lis Qui chantait à voix de sirène, Berthe au grand pied, Bietris, Alis, Haremburgis qui tint le Maine, Et Jeanne la bonne Lorraine Qu'Anglais brûlèrent à Rouen; Où sont-ils, où, Vierge souveraine? Mais où sont les neiges d'antan?
Prince, n'enquerrez de semaine Où elles sont, ni de cet an, Qu'à ce refrain ne vous remaine: Mais où sont les neiges d'antan? | |
| | | Guinevere_old Admin
Nombre de messages : 699 Date d'inscription : 01/04/2006
| Sujet: Re: La Ballade des pendus_ François Villon (1431-?) Mar 25 Avr à 15:15 | |
| Bernard de Ventadour. (début du XIIe)
Bernard de Ventadour, troubadour, fut un des amants favoris d'Aliénor d'Aquitaine et sans doute le père de Marie, premiere fille de celle-ci.
Nuit et jour je médite
Nuit et jour je médite et pense et veille, Plains et soupire et puis m'apaise; Quand mieux m'advient j'en retire peine, Mais une bonne attente m'éveille Dont mes chagrins s'apaisent, Fol, pourquoi me dire que j'en retire du mal : Car si noble amour me l'envoie Que l'envoi seul m'est un gain.
Que ma Dame ne s'émerveille Si je lui demande son amour et un baiser, Contre la folie dont je parle Ce sera gente merveille Si elle m'accole et me baise, Dieu puisse-t'on se récrier déjà ("Ah,tel vous voie et tel vous ai vu !") Pour le bonheur que l'on voit en moi !
Noble amour, je me fais votre compagnon Car ce n'est ni promesse ni sort Mais ce qui plaît à votre grâce (Dieu je le crois m'en gratifie) Que si noble amour soit mon sort. Ah ! Dame, par pitié vous prie Qu'ayez pitié de votre ami Qui vous demande grâce si doucement !
Bernart demande grâce a sa dame Qui si doucement lui fait grâce
Et si je ne la vois d'ici peu Je ne crois pas que je la verrai de longtemps. | |
| | | Guinevere_old Admin
Nombre de messages : 699 Date d'inscription : 01/04/2006
| Sujet: Re: La Ballade des pendus_ François Villon (1431-?) Mer 17 Mai à 18:05 | |
| L'AMANT (...) Guetteur de la tour, je suis de retour de là où je vous entendais. De l'amour de ma mie, cette fois-ci, j'ai eu tout ce que je voulais. Hu et hu et hu et hu! Quel bref séjour dans la chambre de joie! Hu et hu! Quel tort m'a causé l'aube qui me fait la guerre! Sauf le respect qu'au Créateur je dois, toujours je voudrais qu'il fît du jour la nuit: jamais je n'aurais douleur ni tourment. Hu et hu et hu et hu! Je l'ai vue, la reine de la beauté. Hu et hu! j'en suis certain, guetteur, de l'adieu c'est l'heure! Référence. Aube anonyme, Anthologie de la poésie lyrique française des XIIe et XIIIe siècles, p.47 | |
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