Laureline était arrivée en vue d'une belle armure lorsqu'elle perdit la trace de la reine. Tournant la tête de gauche à droite, elle cherchait Guenièvre dans les couloirs désespérement vides. Le moindre serviteur et la moindre servante ayant été engagés à travailler aux cuisines et au service, ce soir-là, le château était désert. Tout ça pour le banquet, qui, par la faute d'un menestrel, était foutu. Irréparablement cassé. Ce n'était pas que la jeune femme y voyait quelque inconvénient - le banquet finissait par l'ennuyer un peu - mais maintenant qu'elle se retrouvait isolée dans ce chateau encore inconnu sur les traces d'une personne qu'elle venait de perdre de vue, la chose était moins agréable!
Devant elle, une porte, un couloir et ensuite, une nouvelle porte, qui cette fois donnait sur le grand hall d'entrée. Et par l'ouverture, l'élégante silhouette de Guenièvre. Laureline en soupira de soulagement. Après tout, le chateau avec ses murs gris et ses pièces vides laissait une impression de pesant silence, de calme cathédralesque et de secret, ce qui ne faisait en soi pas un endroit rassurant pour une petite promenade en solo.
Apercevant sa reine, Laureline s'y dirigea et, lui rendant son sourire, écouta ses paroles. La jeune femme eut l'impression qu'après cette humiliation en public, Guenièvre avait besoin de se retrouver seule. Elle ne se sentait n'y rejetée, ni indésirable, mais elle percevait que cela ferait du bien à la reine, justement, de s'isoler un peu.
-Merci ma reine, je pense rester au château. Si vous voulez me voir, je serai dans ma chambre. Bonne promenade et revenez nous vite...
Les trois derniers mots n'étaient plus qu'un murmure. Laureline regarda la cavalière s'éloigner en lui faisant un signe de la main. Le profil royal de la reine se découpait nettement dans la lumière du soleil couchant tandis le bruit des sabots de son cheval s'estompait doucement.
Se dirigeant à son tour vers les écuries, Laureline chercha des yeux le box de sa jument. Ce fut Amarante qui la trouva en premier; elle tapa le sol de ses sabots et hennit de joie à l'approche de son amie.
-Mais oui, ma belle, pas ce soir mais bientôt, je te le promets... Je vois que tu es bien soignée ici, tant mieux! Je reviens demain, bonne nuit...
Après avoir tendu un morceau de sucre à la jument, elle prit le chemin du château, décidée à trouver sa chambre et à y attendre la reine tout le temps qu'il faudra.